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3 RAISONS D’EN SAVOIR PLUS SUR LE « COCHONTRUF­FE » de Fernando A. Flores

- Hubert Artus

UNE CRÉATURE IMAGINAIRE

Sous le nom baroque de « cochontruf­fe » se cache un animal divin, non genré, qui ressemble « assez à un cochon avec de petites oreilles mais [qui] se comport[e] plutôt comme un chien sur son séant ». Il a une peau de crocodile, et ses yeux secrètent une substance énigmatiqu­e. Il est le produit du nouvel eldorado des caïds : la fabricatio­n de matière organique artificiel­le. Mais il a acquis une aura mystique, qui constitue la dimension vaudoue de ce roman.

UN RÉCIT DE LA FRONTIÈRE

La frontière entre le Mexique et le Texas est le cadre du récit, situé dans un futur proche. Pour survivre à la famine, les syndicats du crime ont recours au business de têtes indigènes réduites, mais aussi au « filtrage », qui produit végétaux, animaux, viandes et vêtements artificiel­s. Esteban Bellacosa, veuf et rongé par la culpabilit­é, travaille pour l’un de ces cartels. Mais il doit rechercher son frère, disparu de l’autre côté des deux murs qui bordent désormais la frontière.

ENTRE DON WINSLOW ET HARRY CREWS

Les Larmes du cochontruf­fe est le premier roman de Fernando A. Flores, Américain né au Mexique. Sa première partie est un pur roman « narco » et politique. Dans la seconde, la plupart des protagonis­tes sont rattrapés par l’esprit des lieux et cèdent à leurs visions mystiques, quelque part entre Don Winslow et le southern gothic de William Gay ou de Harry Crews. Une bête de roman, frappading­ue et brillant. ★★★☆☆

LES LARMES DU COCHONTRUF­FE (TEARS OF THE TRUFFLEPIG),

FERNANDO A. FLORES, TRADUIT DE L’ANGLAIS (ÉTATS-UNIS) PAR PAUL DURANT, 336 P, GALLIMARD/LA NOIRE, 20 €

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