D’art d’art
Krzysztof Pomian étudie avec brio notre rapport aux musées et aux collections.
Philosophe et historien, privé de son poste d’enseignant en 1968 pour s’être opposé au régime communiste, Krzysztof Pomian, né à Varsovie, a émigré en 1973 en France, où il a fait l’essentiel de sa carrière académique. Son intérêt s’est porté sur l’histoire de la culture. Dans Collectionneur, amateurs et curieux. Paris-Venise : xvie-xviiie siècles (1987), il avait proposé une étude systématique de la collecte d’objets au cours de la période qui suit la naissance du premier musée, à Rome, en 1471. C’est l’une des pierres angulaires du Musée, une histoire mondiale, fruit de trente ans de travail.
Diffusé en Europe à partir de la Révolution française, le musée est devenu « omnivore » au point que tout, ou presque, est désormais susceptible d’être muséifié. L’étude de cette longue incubation par la modernité conduit Krzysztof Pomian à y voir un cas particulier d’un phénomène beaucoup plus vaste, coextensif à l’existence de l’Homo sapiens : la collection. Les collections sont en effet « tributaires des croyances professées par les sociétés où elles s’amassent, c’est-à-dire de leur définition de l’invisible et des échanges entretenus avec lui ». La « mondialisation » des musées a ainsi profondément modifié le rapport des hommes à l’art. En suivant de près cette évolution, Pomian nourrit une réflexion précise et puissante dans une somme considérable dont la belle facture promet d’en faire un classique du genre.