Nouvelles gorgées de Delerm
Notre chroniqueur Philippe Delerm commence l’année avec un nouveau livre. Des textes ciselés, comme toujours, mais différents…
On peut faire bref et avoir du relief. C’est ce que prouvent tous les nouveaux écrits de Philippe Delerm. Quelques mois à peine après avoir été honoré d’une édition intégrale de ses ouvrages dans la prestigieuse collection « Bouquins » (Robert Laffont, septembre 2020), l’écrivain poursuit sur le chemin qui a toujours été le sien : le texte très court, sur la crête du détail, de l’intime, de l’infime, de ces « toutes petites choses. Des sensations infimes, des phrases du quotidien, des gestes, des bruits, des odeurs, des atmosphères ». Car, plaide-t-il : « Écrire et vivre, c’est la vie en relief, une opération qui s’est imposée lentement. Transformer en sujet ce qui n’en est pas un, la perspective est délicieuse. » Il sera ici beaucoup question d’enfance : des parfums de glace à la transmission du père au fils, en passant par le goût du spectacle et de l’inattendu. Du temps qui passe, aussi, et de la manière dont on le verbalise : ces femmes dont on dit « elle a dû être très belle », le baccalauréat passé par l’auteur en 1969, la voix des êtres aimés qui sont décédés. On y découvre des vitrines d’alcools forts, des courses de voitures, nombre de films et d’écrivains – à commencer par Paul Léautaud, dont on sait que Delerm le vénère. Bien d’autres thèmes, encore. Par lesquels notre collaborateur crie et écrit le sens que prennent ses envies, « mettre la meilleure partie de soi dans ces petits parallélépipèdes rectangles qu’on appelle livres ».