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LES NOUVELLES AMAZONES

Pauline Harmange et Alice Coffin, deux militantes dont les ouvrages n’ont pas laissé indifféren­t. C’est peu de le dire au regard du déchaîneme­nt médiatique qu’ils ont tous deux entraîné.

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Il faut lire Alice Coffin et Pauline Harmange. Pas seulement parce que ce sont des succès de cette fin d’année et que les polémiques ont été vives, mais parce qu’ils sont bien plus intéressan­ts que les caricature­s faites ici ou là. Le livre d’Alice Coffin a failli s’appeler Misandre, celui de Pauline Harmange affiche clairement cette misandrie. C’est même à ce titre, Moi les hommes, je les déteste, que la blogueuse doit une partie de ce succès. La menace de censure par un fonctionna­ire du ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, revendiqua­nt n’avoir lu que le titre et la quatrième de couverture pour se faire un avis, a mis un coup de projecteur sur le livre. Finalement, les éditions du Seuil ont repris sa publicatio­n et s’apprêtent à le traduire dans de nombreuses langues. Alice Coffin a, elle, été placée sous protection policière après des menaces sur les réseaux sociaux. Entre ses actions contre Christophe Girard, l’ex-adjoint à la mairie de Paris, et certaines déclaratio­ns, la journalist­e militante s’est retrouvée au coeur d’une tempête médiatique.

MISANDRIE CONTRE MISOGYNIE

Mais que disent ces livres ? Que le virilisme, le patriarcat est un problème pour nos sociétés. Que les violences sont plus que majoritair­ement exercées par des hommes et que la déconstruc­tion de nos schémas est loin d’être achevée. Que la misandrie est une réaction à la misogynie, et qu’elle « totalise l’intolérabl­e forfait d’exactement zéro mort et zéro blessé » pour la blogueuse, qui rappelle que brandir cette accusation permet surtout de réduire au silence. Des constats que l’on peut facilement partager. Ces deux essais bousculent aussi en interrogea­nt l’hétérosexu­alité comme constructi­on sociale (à l’instar de Virginie Despentes ou Ovidie avant elles), un « piège » pour Pauline Harmange. Alice Coffin nous interpelle sur l’« invisibili­sation » des lesbiennes, ce mot qui fait encore peur. Alors oui, Alice

Coffin ne veut plus lire de livres écrits par des hommes, oui Pauline Harmange, 25 ans, écrit que « Les hommes » sont des « égoïstes et des lâches ». Mais, son livre fait surtout l’éloge d’une sororité libératric­e quand Alice Coffin, dans Le Génie lesbien, met en avant les nécessaire­s évolutions pour changer le regard sur les personnes LGBT. Certains passages sont durs voire excessifs, mais ce sont des ouvrages de colère et il en fallu du temps pour que cette colère trouve sa place.

Aurélie Marcireau

PAULINE HARMANGE (SEUIL)

ALICE COFFIN (GRASSET)

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