Les nouvelles voies de la poésie
Une clique d’« Instapoètes » joue avec les formes poétiques et les codes des réseaux sociaux pour faire redécouvrir ce genre millénaire.
Le jour de l’investiture de Joe Biden, Amanda Gorman a soudain suspendu le temps en déclamant un poème épris de rage et de liberté. Récompensée en 2017 par le Prix du meilleur jeune poète des États-Unis, elle est devenue l’un des visages de cette nouvelle génération qui a fait des réseaux sociaux et notamment d’Instagram une arme de séduction massive pour diffuser ses écrits. Suivie par plus de trois millions de personnes, elle utilise l’image, le dessin et même la vidéo pour donner vie à ses poésies et intéresser les plus jeunes à un genre littéraire qu’ils croyaient disparu.
Mais au royaume des Instapoètes, il y a une reine incontestée, une figure qui réussit le pari insensé de rassembler une impressionnante communauté tout en publiant des best-sellers à travers le monde. Poétesse, écrivaine et féministe canadienne née en Inde, Rupi Kaur est devenue l’idole d’une génération. Et le miracle prend une autre ampleur quand on observe le phénomène en librairies. Paru en 2014, Lait et Miel est un immense succès mondial et chacune des parutions de l’auteure est désormais scrutée par des millions de fidèles à travers la planète. Si l’accueil était au départ plutôt timide en France, son deuxième recueil, Le Soleil et ses Fleurs s’est écoulé à plus de 10 000 exemplaires, des chiffres exceptionnels pour de la poésie ! Et nul doute, que son troisième livre, Home body, à paraître ce mois-ci (NiL), convertira encore de nombreux adeptes.