La farce cachée des héros
Avec cette vraie-fausse parodie des X-Men, John Byrne interroge habilement la figure du super-héros.
Eugénisme, détournement de mineurs, violences domestiques…, non, il ne s’agit pas de la nouvelle saison de The Boys mais de quelques-uns des ingrédients de Next-Men, série d’anticipation imaginée par John Byrne entre 1995 et 2011 et rééditée par les éditions Delirium. Transfuge de Marvel et de DC, Byrne a laissé son empreinte inimitable sur des franchises comme les
X-Men, Les 4 Fantastiques ou encore
Superman. Pour donner vie à ses nouveaux héros, il a créé son propre label, Legends, au sein de Dark Horse Comics, label qui accueillera notamment Sin City de Frank Miller et Hellboy de Mike Mignola.
Next-Men raconte l’histoire de cinq jeunes gens aux pouvoirs extraordinaires, élevés dans un univers virtuel et se réveillant soudain dans un laboratoire secret de l’armée américaine. Livrés à eux-mêmes dans le monde réel, ils devront faire la lumière sur leurs terrifiantes origines. Très subversif dans son propos, Next-Men interpelle non tant par son récit où s’entrechoquent savants fous, politiciens véreux que par sa manière de désacraliser des symboles de la pop culture. Politiquement très chargée, la saga monstre de John Byrne – dont vient de paraître le second tome de l’intégrale – n’hésite pas à invoquer les spectres du nazisme et des camps de concentration pour mieux soutenir sa réflexion sur l’instrumentalisation de la figure super-héroïque. Byrne en profite pour étriller l’industrie du comics en dressant au passage un pied de nez taquin aux X-Men, ses héros allant jusqu’à affronter des antagonistes russes menés par un professeur en chaise roulante ! Bien qu’écrit dans les années 1990, Next-Men demeure très actuel et n’a rien perdu de son pouvoir évocateur.