DES CLASSIQUES EN SÉRIE
Si l’immense succès de Lupin a remis les oeuvres de Maurice Leblanc sur le devant de la scène, ce n’est pas la seule série télé à avoir (re)popularisé de grandes oeuvres de la littérature classique.
Visionné par plus de 70 millions de foyers, Lupin, non contente d’être la série télé française la plus vue sur la célèbre plateforme, a provoqué un véritable regain d’intérêt pour les livres de Maurice Leblanc. « En quinze jours, on a vendu l’équivalent d’une année de Maurice Leblanc », a récemment confié à l’AFP Béatrice Duval, directrice générale du Livre de Poche. Pour autant, Lupin n’est pas la première série à avoir remis sous le feu des projecteurs des classiques de la littérature.
LE VIEUX DÉTECTIVE DÉPOUSSIÉRÉ
À tout seigneur tout honneur, citons la chaîne anglaise BBC, qui s’est fait une spécialité d’adapter sous forme de mini-séries des titres aussi incontournables que La Guerre des mondes, Guerre et Paix ou encore Un conte de Noël (pour ne citer qu’eux). Mais c’est en 2010 que la chaîne frappe fort avec Sherlock, adaptation moderne des aventures du personnage créé par Conan Doyle. Succès phénoménal qui ne se démentira pas au cours de ses cinq saisons, la série dépoussière avec brio le célèbre détective privé grâce notamment à la performance de Benedict Cumberbatch parfait dans la peau de l’enquêteur. Au Royaume-Uni, la popularité de la série a non seulement incité de grandes enseignes vestimentaires à repenser leur garde-robe en fonction de celle de Sherlock, mais a également dopé les ventes des aventures de Sherlock Holmes, qui ont décollé de 180 % au cours de la diffusion de la première saison.
Plus qu’une série à succès, Sherlock est devenu un véritable phénomène de société. De l’autre côté de l’Atlantique, les Américains se sont également engouffrés dans la brèche, avec Elementary, autre itération contemporaine ayant connu pas moins de sept saisons entre 2012 et 2019, et dont l’originalité réside principalement dans la féminisation des personnages de Watson et Moriarty.
BELPHÉGOR, MAIGRET ET LES AUTRES
Rétrospectivement, on pourrait arguer que les plumes francophones ont été les premières à être popularisées auprès d’un nouveau public par le prisme de la petite lucarne. Ah, le bon temps de l’ORTF et de ses adaptations d’Arthur Bernède (Belphégor, Vidocq), Roger Martin du Gard (Les Thibault), Bernardin de Saint-Pierre (Paul et Virginie), Ponson du Terrail (Rocambole), Georges Simenon (Le Commissaire Maigret), on en passe… Et, bien sûr, Maurice Leblanc.
Mais les plumes nationales peuvent traverser l’Atlantique. Ainsi, en 1987, la série américaine La Belle et la Bête, avec Ron Perlman et Linda Hamilton, revisite habilement le conte éponyme de Madame Leprince de Beaumont et situe son action dans le New York de la fin des années 1980. Annulée au bout de trois saisons, la série n’a pas survécu à la « mort » de sa Belle, et a eu droit à un remake en 2012, beaucoup plus glamour et consensuel.
INDÉTRÔNABLE DUMAS
Autre auteur à avoir particulièrement inspiré les scénaristes du monde entier : Alexandre Dumas. À l’image de Victor Hugo, l’auteur nous a offert des chefs-d’oeuvre de la littérature aux thèmes universels, et dont la structure très épisodique des romans a fait des terreaux de choix pour le petit écran. Du Comte de Monte-Cristo aux Trois Mousquetaires, on ne compte plus le nombre d’adaptations télévisées des oeuvres de Dumas – généralement des coproductions internationales. Contre toute attente, c’est à nos voisins anglais que nous devons l’adaptation la plus spectaculaire avec The Musketeers en 2014, relecture trépidante et ambitieuse des tribulations de D’Artagnan. Soudain, l’oeuvre d’Alexandre Dumas prend des atours de grosse machine et ses protagonistes apparaissent comme des héros d’une grande modernité. De même Le Comte de Monte-Cristo a lui aussi eu droit à ses nombreuses adaptations télévisées françaises (souvenez-vous de la version de Josée Dayan avec Gérard Depardieu!) ou américaine avec Revenge, qui reprend l’intrigue du roman de Dumas avec une couche de « soap opera » davantage prompte à séduire le jeune public. Qui, allez savoir, va peut-être se ruer sur les livres.