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Le spleen d’une reine

Dans le troisième tome de sa saga La Reine oubliée, l’académicie­nne embarque son héroïne pour Césarée. La mélancolie est au bout du voyage…

- Louis-Henri de La Rochefouca­uld

Les couloirs du temps n’ont pas de secret pour Françoise Chandernag­or, qui est chez elle dans tous les siècles – on se souvient notamment de La Chambre, son récit de l’effroyable incarcérat­ion de Louis XVII au Temple ; ou de L’Allée du roi, ses Mémoires imaginaire­s de Mme de Maintenon. Il y a dix ans, elle se lançait dans un projet encore plus ambitieux : consacrer une tétralogie à Séléné, la fille bien née de Cléopâtre et de Marc Antoine, dont la vie méconnue ne fut pas de tout repos.

Après Les Enfants d’Alexandrie (2011) et Les Dames de Rome (2012), voici le troisième tome, L’Homme de Césarée. Le livre s’ouvre en l’an 19 av. J.-C. : exilée à Rome depuis une décennie, Séléné, 20 ans, est envoyée à Césarée par l’empereur Auguste, « dictateur intelligen­t » qui a décidé de la donner en mariage à Juba II, roi de Maurétanie.

Sur le bateau qui traverse la Méditerran­ée, la princesse déchue aux parents suicidés ne peut guère plus compter que sur le soutien de Diotélés, son truculent valet pygmée. Depuis le pont, le palais royal de Césarée impression­ne la jeune fille. Avec son physique d’Apollon berbère, Juba II, 28 ans, n’est pas mal non plus. À peine a-t-elle posé le pied à terre que Séléné l’épouse. Arrivera-t-elle à échapper au sort tragique de sa mère ? Ou deviendra-t-elle à son tour une reine maudite? À ce stade, rien n’est encore écrit…

Avec son habituelle précision historique, Françoise Chandernag­or reconstitu­e parfaiteme­nt les décors, psychologi­es et conflits de cette époque – pour ressuscite­r ce monde, il faut avoir au moins l’endurance de Flaubert s’attaquant à Salammbô. Elle réhabilite la figure de Juba II, grand roi oublié qui réussit, pendant un règne de près de cinquante ans, à sauvegarde­r sa souveraine­té au sein de l’Empire romain. Linguiste et historien, explorateu­r et géographe, urbaniste et collection­neur, guerrier et chef d’État, il ferait plus tard l’admiration de Plutarque et de Pline l’Ancien. Ce n’était pas n’importe qui, l’homme de Césarée. Séléné non plus. On attend à présent le quatrième volet à paraître, Le Jardin de cendres, pour avoir le fin mot de l’histoire.

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 ??  ?? ★★★☆☆ L’HOMME DE CÉSARÉE FRANÇOISE CHANDERNAG­OR 432 P., ALBIN MICHEL, 22,90 €. EN LIBRAIRIES LE 17 MARS.
★★★☆☆ L’HOMME DE CÉSARÉE FRANÇOISE CHANDERNAG­OR 432 P., ALBIN MICHEL, 22,90 €. EN LIBRAIRIES LE 17 MARS.

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