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COUP DE POMPE
Les fidèles lecteurs d’Yves Ravey se réjouissent déjà à l’idée de plonger dans l’un de ses très brefs romans noirs, à la construction imparable et au style à l’os, faussement nonchalant. L’air de rien, le Bisontin a ainsi construit une oeuvre hors des modes, multipliant les petits bijoux comme
L’Épave, Cutter ou Un notaire peu ordinaire, qui auraient pu inspirer le Claude Chabrol des grands jours. En attendant que des producteurs s’intéressent au travail de Ravey, voici donc le nouveau cru, Adultère, qui remplit parfaitement le cahier des charges.
Pour Jean Seghers, il est loin, le temps de l’insouciance et des fiançailles, à Venise, avec Remedios. C’était il y a dix ans et plus rien ne va dans sa vie. La station-service, dans laquelle il s’est tant investi, se trouve aujourd’hui en faillite. La procédure est lancée, et le président du tribunal de commerce, Walden, s’intéresse de près à l’affaire. Mais le malheureux Jean s’interroge : Walden n’entretiendrait-il pas une liaison avec son épouse ? Une hypothèse peut en cacher une autre : son mécanicien et veilleur de nuit, Ousmane, qui le harcèle pour obtenir son indemnité de licenciement et ses papiers, cachait en réalité bien son jeu, avec Remedios… Le pompiste aux abois rumine alors son projet criminel. Le savoir-faire narratif et stylistique d’Yves Ravey fait à nouveau des merveilles, nous offrant derrière la modestie d’Adultère toute l’essence du genre. Et le plein d’émotions.