LE NOUVEAU OLIVIER BOURDEAUT
Si certains auteurs aiment répliquer une recette à succès revendiquée, Olivier Bourdeaut s’était vu reprocher le contraire par une partie de la critique. Ainsi, la petite musique de Pactum Salis n’était déjà plus celle d’En Attendant Bojangles et de son univers à la Boris Vian. Florida persiste en ce sens, cet autodidacte changeant encore de registre et c’est plutôt une bonne nouvelle! Le phrasé y est lapidaire, l’humour omniprésent, bien que le sujet ne prête pas du tout à rire.
À Miami, dans les concours de mini-miss, le corps des enfants est commercialisé, sexualisé à outrance, détruit à coups d’autobronzants
et de régimes mortifères. Ils « ont flingué bien plus de corps que la carabine de Brenda Ann Spencer, une hécatombe silencieuse ». Elisabeth, la narratrice devenue adulte, sait de quoi elle parle. Elle a 7 ans lorsque ses parents la contraignent à participer à son premier concours. Mais désespérant de la voir briller davantage à l’école que sur les podiums, ils s’emploieront à briser ses ambitions intellectuelles. Un psychologue l’aidera à sortir de ce tourbillon de strass, mais les vieux démons d’Elisabeth ont la peau dure. La vengeance se fera à travers son corps. Un peu à la manière de Salinger, l’auteur joue ici les télépathes et l'on se retrouve en apnée derrière les yeux d’Elisabeth, en immersion dans ses troubles post-traumatiques. Et cela donne une hilarante autopsie du rêve américain, sans pathos.
★★★☆☆ FLORIDA OLIVIER BOURDEAUT 256 P., FINITUDE, 19 €