Baptiste Liger
Hasard de la phonétique ou considération lacanienne un rien potache, il faut bien avouer qu’il y a un effet « l’Arsène » comme il existe un effet « Larsen ».
Même si le premier ne relève pas, semble-t-il, de la saturation – mieux vaudrait même parler d’effet « Lupin ». Force est de constater que la série créée par George Kay et François Uzan, diffusée par Netflix, a connu un succès inouï (et planétaire) en ce début d’année. Pourquoi le célèbre gentleman cambrioleur, imaginé il y a plus d’un siècle par Maurice Leblanc (ici, certes, à travers un descendant spirituel…), suscite-t-il un tel regain d’intérêt aujourd’hui (jusque dans les librairies) ? En quoi ce personnage et ses aventures collent-ils à notre époque contemporaine ? Il convenait de revenir aux sources littéraires, à travers un dossier, pour comprendre cet engouement qui, au fond, n’a peut-être jamais cessé…
Pour rester dans les proximités sonores qui ont un sens (ou pas), on notera que « maudit » peut être entendu comme « mots dits ».
La littérature, une affaire de malédiction ? C’est l’enjeu d’un autre sujet de ce numéro. La postérité (la légende ?) d’une oeuvre passe parfois par le statut de « livre maudit » – succès sur un malentendu amenant des désillusions, auteurs persécutés par un régime politique, scandales pour de mauvaises raisons, manuscrits boudés, reconnaissances trop tardives, on en passe. La liste est longue et, fort heureusement, le temps de l’Histoire est là pour rattraper les erreurs d’antan, dépassionner et prendre de la hauteur. Pour créer de nouvelles polémiques, aussi…
Mais l’époque peut également nous réserver de belles surprises, célébrant l’amour des mots.
Paru de manière assez discrète en août dernier, L’Anomalie de l’oulipien Hervé Le Tellier est en passe de devenir le plus gros succès du prix Goncourt depuis L’Amant de Marguerite Duras. À ce titre, il est troublant de voir dans les listes des meilleurs livres ce roman au coude-à-coude avec La Familia Grande, de Camille Kouchner : d’un côté, une oeuvre de pure imagination, jouant avant les codes de la narration, mais qui peinera à générer un sujet de société pour BFM-TV ; de l’autre, un récit autobiographique très médiatisé avec un fort impact sociétal. Ces deux titres marqueront-ils l’histoire littéraire ou tomberont-ils rapidement dans l’oubli ? Faut-il voir dans l’« avenir » la contraction d’« aveu » et de « venir » ?