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Le couple de journalistes et écrivains se raconte dans un journal écrit à quatre mains, retrouvé et publié après la mort de l'auteure féministe à l'initiative de sa fille.
Publier un journal est un exercice paradoxal. Il nous livre des instantanés, de l’intime, toutes choses explosives, peu destinées à l’oeil du public. C’est vrai pour ce Journal amoureux, qui ne semble avoir été conçu que comme l’expérience créative et libertaire d’un jeune couple. Blandine de Caunes, auteure de La Mère morte, fille de Benoîte Groult et du journaliste Georges de Caunes, a toujours su que ce journal existait, mais elle ne l’a trouvé qu’au décès de sa mère.
Nous sommes au début des années 1950. Benoîte est une jeune femme qui a perdu son mari quelques mois après leur mariage, puis épousé de Caunes avec qui elle a eu deux filles. Divorcée, elle commence un amour tout neuf avec Paul Guimard, célèbre écrivain et journaliste, futur auteur des Choses de la vie. Par un réflexe tout féminin, bien qu’élevée dans un tourbillon de culture entre sa mère, Nicole Poiret, soeur du grand couturier et styliste, et son père André Groult, designer, elle rêve d’écrire mais ne se l’autorise pas. C’est pour l’encourager que Paul lui propose ce pari. On y découvre une amoureuse indépendante, future féministe, renâclant aux tâches domestiques face à un homme exquis, inspirant, mais qui ne lève pas le petit doigt, rentre tard et s’intéresse aux autres femmes. On les voit aux prises avec l’amour conjugal, la fidélité, les mensonges, l’amour des enfants, les joies et tâches d’une maison de campagne et les mondanités.
Radiographie d’une époque, pensées sur la science, l’art, la foi, les films, les lectures, ce Journal amoureux est savoureux, parfois daté. Et les pages manquantes, ont-elles été arrachées par les rédacteurs eux-mêmes ? Le lecteur s’imagine des secrets impubliables. La préface de Blandine de Caunes – amoureuse, enfant, de ce beau-père qu’elle espérait épouser après la mort de sa mère ! – est émouvante, pleine d’élégance.