GUY DELISLE, USINE À SUCCÈS
Il nous avait fait découvrir Shenzhen, Pyongyang, la Birmanie et Jérusalem avec ses formidables reportages BD ; il nous fait cette fois-ci voyager dans le temps et nous emmène dans son pays natal : le Canada. Dans ces Chroniques de jeunesse (Delcourt), le dessinateur-animateur Guy Delisle trace ainsi le portrait attachant du monde ouvrier tout en levant légèrement le voile sur son adolescence.
À 16 ans, le garçon décroche un boulot d’été dans l’usine à papier qui fait face à la vieille ville de Québec et dans laquelle travaille son père. Les conditions sont spartiates (séances de douze heures d’affilée pouvant se caler de jour comme de nuit). Nous ressentons la chaleur étouffante, le bruit assourdissant des machines et l’odeur nauséabonde du soufre. Malgré ces conditions, le jeune Guy découvre, au détour d’une cabine insonorisée, un monde drôle, attachant et bourré d’anecdotes, celui des ouvriers. Dans cet espace de convivialité, il fait la connaissance de toutes sortes de gens – sur fond contrasté de gris et de jaune, très habilement utilisé.
Par ailleurs, Delisle nous prend pour témoins privilégiés de sa découverte du monde de la BD franco-belge grâce à la médiathèque de son quartier, et évoque, non sans pudeur, sa relation complexe avec son père. En résulte un très beau roman graphique qui, depuis sa parution le 27 janvier, a déjà rencontré son public (environ 10 000 exemplaires en une dizaine de jours).