Anne, ma soeur Anne…
C’est une évidence divine : les femmes ont mieux réussi à Jésus que les hommes. De Judas à Pierre, que des traîtres ou des bourriques ! Et pourtant, l’Évangile céda la place à une Église masculine, gouvernée par des mâles célibataires, au moins côté catholique. La question de l’ordination des femmes fut même tranchée par Jean-Paul II : sur ce sujet, on la boucle. Cofondatrice du Comité de la jupe visant à promouvoir la place des femmes dans l’Église catholique, Anne Soupa a choisi de ne pas la boucler. En mai dernier, la théologienne candidata à une charge qui lui était refusée, celle d’archevêque de Lyon – également appelé « primat des Gaules ». Tempête dans un bénitier : l’épiscopat garda un silence gêné et la presse conservatrice s’offusqua, rappelant que les apôtres étaient des hommes et que la Vierge Marie était un idéal suffisant pour l’autre moitié de l’humanité. Tous ces arguments, Anne Soupa les balaye dans un livre intelligent, allègre, parfaitement informé des contradictions doctrinales. À travers la question de la femme, c’est celle du pouvoir dans l’Église que pose Pour l’amour de Dieu, défendant une spiritualité non cléricale, enracinée dans la Bible. Un idéal proche de la Devotio moderna ; un idéal très chrétien, donc.