« LES ÉTUDIANTS TRAVAILLENT MIEUX QUAND ILS ONT UN EXEMPLE CONCRET »

Comment écrire un roman policier ? Voici les leçons d’une grande du genre. Elizabeth George prodigue ses conseils d’écriture dans De l’idée au crime parfait. Elle répond à nos questions…

Quelles sont les spécificités du processus d’écriture d’un roman policier ?

• Elizabeth George. Pour moi, les seules différences significatives entre un roman policier et un roman de littérature générale sont le crime, l’enquête et la solution. Ils constituent un fil conducteur. Ainsi, le roman policier peut inclure une exploration des personnages, un développement du thème, un cadre que le lecteur retient, une structure dans laquelle l’intrigue s’épanouit.

Vous partez de l’expérience de l’écriture de votre livre Le Rouge du péché. Doit-on se servir de l’exemple concret de son oeuvre pour mieux enseigner l’écriture ?

• E.G. Je suis enseignante depuis 1975 et professeure de creative writing depuis 1988. J’ai en effet constaté que les étudiants travaillent mieux quand ils ont un exemple concret qui illustre les points que je soulève. Dans mon précédent livre sur l’écriture, j’ai utilisé des exemples provenant de dizaines de sources, de Shakespeare à la littérature contemporaine.

Dans votre livre, vous commencez par parler des personnages. Quel rôle jouentils dans l’écriture d’un tel ouvrage ?

• E.G. Les romans sont menés par deux biais possibles : celui des personnages ou celui de l’intrigue. Un roman à trame voit l’intrigue l’emporter sur les personnages. Le lecteur tourne les pages de plus en plus vite pour connaître la suite. Il est donc évident qu’un roman à personnages est un livre dans lequel ces derniers dirigent l’action et non la situation dans laquelle ils se trouvent. Dans ma propre écriture, j’ai essayé de créer un hybride, avec des personnages inoubliables et une intrigue compliquée dans laquelle mes enquêteurs doivent interagir avec ces personnages.

En France a longtemps prévalu une conception romantique de l’écriture, qui ne valorise pas l’idée que l’on puisse apprendre à écrire. Qu’en pensez-vous ?

• E.G. J’ai toujours pensé que le métier d’écrivain pouvait être enseigné. Tout comme il faut comprendre comment travailler la pierre ou l’argile pour devenir sculpteur, il faut comprendre les éléments de base du métier d’écrivain. Ce qui ne peut pas être enseigné, ce sont la passion, la discipline et l’art. L’écrivain possède en lui ces trois aptitudes, ou pas.