LES TRIBULATIONS DE MARS
Alors que la guerre civile en Syrie entre dans sa onzième année et que nous commémorerons bientôt les 20 ans des attentats du 11-Septembre, de nombreux ouvrages interrogent les différentes guerres civile, terroriste, contre-insurrectionnelle, nucléaire…
Si vous souhaitez savoir si la France est au bord de la guerre civile, comme le prétendent les cassandres, passez votre chemin. Guillaume Barrera, spécialiste de Montesquieu, porte sa réflexion ailleurs: quel est le « moteur » de cette guerre entre citoyens, le « pire des maux » selon Hobbes et Pascal ? La guerre civile – stasis, pour les Grecs, qui la distinguent de la guerre classique, polemos – s’est nourrie au fil du temps de mille causalités : l’injustice, dès l’Antiquité ; l’universalisme du christianisme, pour ses adversaires; l’affrontement entre modes de gouvernement… Depuis le xxe siècle, elle serait devenue « européenne », puis « mondiale », même si les contours de celles-ci ne sont pas toujours clairs. Au-delà de cette généalogie, l’auteur s’attache à dérouler les tribulations de cette violente matrice – les chapitres les plus convaincants de sa Guerre civile – capable d’enfanter des régimes aussi opposés que l’absolutisme en France (Louis XIV après les guerres de Religion), et le libéralisme en Angleterre (dans la foulée des guerres civiles et de la république de Cromwell).
UN MONDE LOURD DE RISQUES
« Maintenir la cohésion de la nation » demeure l’objectif de nos gouvernants, autant que celui de « lutter contre le terrorisme », soulignent Marc Hecker et Élie Tenenbaum dans La Guerre de vingt ans. Que s’est-il passé depuis les attentats du World Trade Center, le 11 septembre 2001, les milliers de morts et les milliards dépensés, s’interrogent les deux chercheurs, dans une enquête puisée aux meilleures sources ? Leur réponse tient en cinq actes. Jusqu’en 2006 : hyperterrorisme d’Al-Qaida et projet prométhéen de George W. Bush d’imposer la démocratie par la force. Phase suivante : contre-insurrection, en Afghanistan et en Irak. Acte III (2011-2014) : relance de la mouvance djihadiste dans le sillon des Printemps arabes. Les trois années qui suivent signent la victoire de Daesh au sein de la nébuleuse terroriste et, en face, la constitution d’une coalition internationale. Depuis 2017, le califat de l’État islamique s’est effondré, mais la mouvance djihadiste poursuit son combat jusqu’en Afrique. Demain, le terrorisme ne devrait plus constituer « une menace existentielle », mais il sera toujours présent « dans un monde lourd de risques géopolitiques, sociaux, sanitaires et environnementaux ». S’il y a une leçon à tirer de ce maelström, c’est que « nous devons nous méfier autant de nos surréactions et ambitions démesurées que des sous-estimations de la menace et de notre pusillanimité ».