JEAN-HIPPOLYTE MICHON, LE PIONNIER
Voici l’inventeur, en 1872, des termes « graphologie » et « graphologue ». Ordonné prêtre à Angoulême en 1830, il avait épousé les idéaux de la révolution de 1848 et dut se faire chanoine honoraire (prêtre détaché de l’Église). Devenu également directeur d’un collège, il y fit la connaissance de l’abbé Flandrin, l’un des quatre ecclésiastiques précurseurs de la discipline en France avec monseigneur Boudinet (évêque d’Amiens), le cardinal Régnier (archevêque de Cambrai) et le père jésuite Martin. Michon sut observer ses élèves, comparer leur comportement et en tirer des analyses concluantes sur « l’art de connaître les hommes d’après leur écriture ». Dans Système de graphologie (1875), il montre comment « le signe graphique (ou signe graphologique), c’est le trait, la forme, la disposition quelle qu’elle soit de l’écriture d’où se déduit une manifestation de l’âme, un instinct,
une aptitude ». Il y propose non seulement une grille d’analyse de l’écriture, mais aussi la première grille de vocabulaire (encore de circonstance de nos jours), une classification en catégories psychologiques selon la taille des ponctuations ou la direction et l’inclinaison des caractères alphabétiques. Une typologie, en somme. En 1871, il créa avec Émilie de Vars la Société de graphologie, à Paris, ancêtre de l’actuelle Société française de graphologie (SFDG). Hostile au Concordat, détesté, dénoncé mais jamais excommunié, l’abbé demeure connu pour son travail sur les écritures.