. Bande dessinée
C’est un travail d’historien, de journaliste, de témoin, de dessinateur, un travail d’artiste ; sans doute tout cela en même temps. Suites algériennes. 1962-2019 prolonge l’oeuvre entreprise par Jacques Ferrandez avec Carnets d’Orient, consistant à documenter, de son propre point de vue, la relation entre l’Algérie et la France ; relation faite de drames, de trahisons, d’amour, de pleurs, de ressentiments, de passion. Et plus encore. Mais toujours, chez Jacques Ferrandez, sous un ciel bleu comme une note d’espoir dans un paysage ombrageux. Suites algériennes – première partie – débute donc à l’indépendance de l’Algérie et se poursuit jusqu’au Hirak, série de manifestations des Algériens pour la démocratie. Habitué des adaptations de romans – celle du Désert sans détour de Mohammed Dib sort chez Actes Sud le 5 mai –, maîtrisant à la perfection les enjeux d’un récit, le bédéiste croise les personnages et les époques pour mieux raconter les échos d’une histoire, qui se répondent sans cesse. On sait les liens qui se sont tissés entre les générations, les aventures amoureuses, les enfants nés entre deux pays – Jacques Ferrandez est né à Oran en 1955. Voilà donc le journaliste Paul-Yanis, l’Algérienne féministe Nour, Hakim, son fiancé, Samia et Octave, un couple algérofrançais… Racontés par un Ferrandez au dessin lumineux et apaisant, mais qui sait pointer les complexités, les troubles et les failles de ses personnages secoués par les vents de l’Histoire.