LE COUP DE DE CLAIRE CHAZAL
L’IPPON DE LA RIVIÈRE KWAÏ
Thierry Frémaux, l’actuel délégué général du Festival de Cannes, a deux passions : le cinéma, bien sûr, et… le judo. Et cet amour des tatamis remonte à l’enfance. Son livre, Judoka, lui donne l’occasion, de façon très touchante, de revenir à ses origines : une famille engagée à gauche, installée aux Minguettes, dans la banlieue rouge de Lyon. Le petit Thierry est heureux, il canalise son énergie dans le club de judo local et progresse vite. Il est fait pour ça et devient rapidement ceinture noire, pour enseigner à son tour. Le récit, simple, sincère, nous éclaire sur la personnalité de celui qui reçoit les stars du monde entier sur le tapis rouge de la Croisette.
Et l’on comprend mieux comment il exerce aujourd’hui son pouvoir au coeur du septième art : en appliquant quelques règles fondamentales du judoka, comme la souplesse, l’utilisation de la force de l’autre, le respect, l’apprentissage de la chute, l’absence de brutalité…
Sans oublier une fascination pour le Japon, pays du fondateur du judo, Jigor Kano, dont Thierry Frémaux nous raconte la vie avec ferveur ; pays aussi de la littérature de Mishima, dont le suicide va marquer le jeune garçon en 1970 ; pays enfin du cinéma de Kurosawa et de ces réalisateurs que l’auteur va sans cesse dénicher aux confins de l’Asie. Le livre, attachant, est celui d’un amoureux de Lyon, resté fidèle à cette ville natale, qui y préside aussi aux destinées de l’Institut Lumière, fondé par Bertrand Tavernier.