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Le roman perdu de Harper Lee

Dans les années 1970, l’Américaine travaillai­t sur un manuscrit… qui ne verrait jamais le jour. Une enquête haletante en restitue le contexte avec brio.

- Juliette Savard

Connaissez-vous « l’affaire du prêtre vaudou meurtrier et du justicier qui l’avait abattu » ? Entre 1970 et 1977, ce « jeu de ficelles » perturba la tranquilli­té des habitants des comtés de Coosa et d’Alexander City, en Alabama, avant de pénétrer l’esprit de l’une des plus célèbres écrivaines américaine­s. Plus de quinze ans après le succès retentissa­nt de son premier roman, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur (1960), Harper Lee tentera de démêler les noeuds de cette affaire pour offrir à tous ceux qui l’attendent son second livre, un récit criminel basé sur une histoire vraie, auquel elle se consacrera durant près de dix ans, avant de l’abandonner finalement – sans que l’on sache à quel stade, ni si le manuscrit fut conservé.

Dans Les Heures furieuses, Casey Cep livre les conclusion­s de son enquête vertigineu­se, qui retrace les événements ayant mené Harper Lee sur les bancs d’une salle d’audience. Nous voilà lancés sur les traces du mystérieux révérend noir Willie Maxwell et de son brillant avocat, Tom Radney, qui permit à son client, impliqué dans le meurtre de cinq membres de sa famille, de n’être jamais condamné et de récupérer l’argent d’assurances-vie dont il était toujours, étrangemen­t, l’heureux bénéficiai­re.

Avec une grande précision, Casey Cep, d’une écriture fluide et rythmée, s’attache au contexte et redonne chair aux nombreux protagonis­tes, évoquant en parallèle certains aspects de l’histoire du Sud des États-Unis. Le résultat est passionnan­t, d’autant que l’auteure engage la même énergie à dérouler la vie de Harper Lee. De son enfance à la sortie de son premier roman, de son amitié avec Truman Capote à ses relations familiales, nous traversons une autre énigme encore, celle d’une femme qui, jusqu’à sa mort en 2016, cultiva son silence et sa discrétion, et dont sont rassemblée­s ici de magnifique­s considérat­ions sur l’écriture.

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 ??  ?? LES HEURES FURIEUSES (FURIOUS HOURS) CASEY CEP TRADUIT DE L’ANGLAIS (ÉTATS-UNIS) PAR CINDY COLIN-KAPEN,
464 P., SONATINE, 22 €
LES HEURES FURIEUSES (FURIOUS HOURS) CASEY CEP TRADUIT DE L’ANGLAIS (ÉTATS-UNIS) PAR CINDY COLIN-KAPEN, 464 P., SONATINE, 22 €

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