Au pays du Soleil-Levant
Si l’anglais reste la première langue étrangère parlée au Japon, l’archipel s’ouvre de plus en plus au français, notamment en vue des prochains JO.
Au Japon, la langue de Molière, c’est d’abord la France – sa mode, sa gastronomie et Paris, sa splendide capitale. À ce titre, le français se retrouve aux côtés du japonais et de l’anglais sur les enseignes des magasins. Si la langue de Shakespeare demeure le premier idiome étranger parlé au Japon, suivi de près par le mandarin, cela n’empêche pas ce pays de 126 millions d’habitants de compter 800 000 francophones, selon l’Observatoire de la langue française.
On y recense également cinq Alliances françaises, un Institut français – doté de plusieurs antennes – et une Maison francojaponaise, fondée à Tokyo en 1924 grâce à l’écrivain Paul Claudel, alors ambassadeur de France au Japon. Sans oublier une Société japonaise de didactique du français, forte de 700 professeurs membres et dont le site Internet retrace l’histoire de l’enseignement du français au Japon de la fin du xixe siècle à nos jours.
UNE LANGUE DE L’ÉLITE… ET DU SPORT
Pour des raisons historiques, le français est une langue très prisée chez les Japonais de classe aisée et éduquée. Avant la Seconde Guerre mondiale, son apprentissage était quasiment réservé aux seuls 255 élèves d’élite de sept lycées impériaux, avant que, en 1947, la loi fondamentale sur l’éducation ne diminue le nombre d’heures de cours consacrées aux langues étrangères.
Récemment, l’enseignement du français au Japon est devenu assez novateur grâce à des professeurs qui s’intéressent à ce qui se fait ailleurs qu’en France – au Québec, en Belgique ou au Maghreb. C’est le cas de Sachiko Komatsu-Delmaire, qui a créé une méthode de pédagogie francophone du français, « Destination francophonie ». Dans ses écrits universitaires, elle souligne combien les Japonais ont du mal à penser le français en dehors des frontières de l’Hexagone. Mais leur regard a changé en 2013, quand Tokyo a été désignée ville organisatrice des JO d’été de 2020 (décalés du 23 juillet au 8 août 2021, si la situation sanitaire le permet). En effet, un tiers des sportifs participants sont francophones, et le français est, avec l’anglais, la langue officielle du Comité international olympique. Le cabinet du Premier ministre nippon a donc constitué une cellule de communication en français et envoyé une délégation au Forum mondial de la langue française à Liège, en 2015. Le 21 novembre 2019, le Japon a signé un Mémorandum d’entente sur l’usage et la promotion de la langue française et de la Francophonie aux Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo. L’Organisation internationale de la francophonie offrira ainsi au Japon des services linguistiques en français pour le public, les athlètes et les journalistes.
Au-delà du sport, des motivations économiques donnent une nouvelle impulsion à la francophonie au pays du Soleil-Levant. Ainsi, loin derrière la Chine conquérante, le Japon entend investir massivement en Afrique, qui compte de nombreux États francophones. Affaire à suivre.