PASSÉ PAS SI SIMPLE
Dans 1991, Franck Thilliez nous invite à voyager dans le passé de Franck Sharko, personnage phare de bon nombre de ses romans, intronisé dans Train d’enfer pour Ange rouge en 2004.
Ilan Ferry
Nous sommes en décembre 1991, à une époque où la vie semble « plus simple », bien loin de nos turpitudes actuelles. Sauf que derrière le vernis de cette apparente simplicité se cache une réalité autrement plus macabre. On y découvre un Sharko tout juste sorti de l’école de police. Pour son baptême du feu, il va mener de front deux enquêtes qui le confronteront pour la première fois à l’horreur dans sa forme la plus brute, ainsi qu’à des choix moraux qui détermineront toute sa vie de policier et d’homme. Au-delà de son intrigue tortueuse, qui voit le jeune inspecteur se lancer aux trousses d’un tueur en série au goût prononcé pour les illusions, 1991 interpelle par sa manière de nous immerger à la fois dans une époque et dans la psyché de son personnage principal, le lecteur ne tardant pas à faire siennes les obsessions de Sharko. Le cheminement de l’enquête fait écho à sa lente et pernicieuse descente aux enfers, mettant en exergue la question de la rédemption. Même si l’on pense plus d’une fois au film Seven de David Fincher, le roman de Thilliez s’inscrit dans la grande tradition des polars français en nous montrant des flics sur la brèche, prêts à basculer en un claquement de doigts quand ils voient vaciller leurs certitudes et leur foi en l’être humain.
Car, si Sharko est le personnage principal, il est accompagné d’une équipe à laquelle l’auteur accorde tout autant d’importance, chacun représentant à sa manière un pan de la personnalité de notre héros.
1991 est à l’image des précédents romans de Franck Thilliez : sombre, haletant, déroulant une mécanique implacable qui le maintient dans un état d’alerte quasi constant et ne lui laisse au final que peu de répit.