L’ANOMALIE DU TRAIN 006
Pasticher L’Anomalie d’Hervé Le Tellier ? Voilà qui a tout l’air d’un sérieux pied de nez ! Lui-même coutumier du genre, l’arroseur arrosé admet, bon joueur, dans sa préface ardemment oulipienne à l’ouvrage de Pascal Fioretto : « Je n’aurai fait qu’écrire
un pastiche de L’Anomalie du train de Brive. » Rappelons que, dans le roman de Le Tellier, un vol pour New York s’engouffrait dans une faille spatiotemporelle, alors qu’un roman se dessinait dans le roman. S’il est encore question de mise en abyme, l’action se déroule cette fois dans le traditionnel train des écrivains, en direction du Salon du livre de Brive. L’occasion, comme pourront s’y attendre les lecteurs de Fioretto, d’une satire toujours vache mais jamais hargneuse du monde impitoyable de Saint-Germain-des-Prés. Toute cette ribambelle d’auteurs réels – dont les tics de langage sont formidablement restitués – forme une chorale où apparaissent les ambitions contrariées des uns, les marottes des autres. Dans un bivouac improvisé, un écrivain voyageur s’enthousiasme de sa rencontre avec un « vraigens ». Décrite par la plume argotique d’une écrivaine punk ringarde, une lauréate consensuelle d’un prix Goncourt pas très lointain fait bâiller le journaliste. Et puis le tunnel, l’interruption brusque de la phrase qui clôt chaque séquence. Pendant ce temps, Hervé Le Tellier invente une curieuse machine… Par un jeu de mises en abyme, Pascal Fioretto livre une inspirante réflexion sur ce qui définit ce genre tant apprécié des oulipiens.