La soif du mal
Avec Le Démon de la colline aux Loups, véritable déflagration littéraire qui nous offrait les terribles confessions d’une victime devenue bourreau, Dimitri Rouchon-Borie a éclaboussé la dernière rentrée de son talent. Quelques mois seulement après ce sublime et déchirant coup d’essai, par ailleurs finaliste du Goncourt du premier roman, l’écrivain reprend déjà la plume. Comme un vieil inspecteur de police qui, au moment de fermer les yeux, voit défiler les affaires les plus sordides de sa carrière, il semblerait que le chroniqueur judiciaire soit encore hanté par certains procès qu’il a couverts.
Ritournelle raconte dans le détail un acte de barbarie ignoble et une bouffée délirante aussi absurde que tragique. L’auteur fait le récit froid d’une nuit d’ivresse et de débauche lors de laquelle trois hommes ont soudainement basculé dans l’horreur. Alternant entre le compte rendu du procès des accusés et des flash-back au moment des faits, il plonge aux racines du mal et tente de comprendre comment celui-ci, nourri par des années d’injustices sociales et de blessures intimes, peut soudainement faire irruption et déclencher une rage meurtrière et bestiale. Loin du lyrisme grandiloquent des romans à grand spectacle, Dimitri Rouchon-Borie puise dans la tragédie des faits divers pour dire avec une littérature brute, âpre et douloureuse quelque chose de notre terrifiante condition humaine.