. Littérature française
Vous souvenez-vous de la petite fille qui sacrifia ses cheveux à Vishnou ? Cette enfant, c’est Lalita ; elle tient Le Cerf-volant, titre du nouveau roman de Laetitia Colombani. Son histoire serait-elle parvenue jusqu’à nous si Solène, écrivaine publique au Palais de la Femme, n’avait pas raconté celle de sa mère, Smita ? Poursuivant l’épopée commencée dans La Tresse et
Les Victorieuses, Laetitia Colombani signe un roman engagé sur la condition de la femme indienne et des dalits, toutes « ces filles qu’on
ne doit pas toucher » mais qu’« on n’hésite pas à violer ». Afin de fuir la mort de son mari, Léna décide de partir dans le Tamil Nadu. Là-bas, la fumée des scooters, l’ombre des banyans et l’odeur des épices ne sauraient cacher le travail des enfants qui s’échinent dans les plantations, les mines et les décharges. Après avoir été sauvée de la noyade, Léna fait la rencontre de la Red Brigade, un groupe de filles expertes en autodéfense, désireuses d’assurer la sécurité des femmes. À leur contact, Léna mesure combien cette société asservit structurellement une partie de la population en la privant d’éducation. Elle envisage, dès lors, de fonder une école pour le village et pour Lalita, qu’elle s’imagine en Petit Prince tiré par des nuées d’oiseaux. Mais il faudra redoubler d’ingéniosité et de persévérance pour apprivoiser les élèves et convaincre leurs parents : un sac de riz et une protection périodique contre un enfant en classe, de quoi changer la face du monde…