. Fantastique
Premier volet d’un cycle de fantasy conçu en duo, Capitale du Sud est aussi le premier roman prometteur d’un jeune talent à la langue évocatrice.
Ambitieux projet de fantasy urbaine que ce cycle de « La tour de garde » dans lequel s’est bravement lancé un duo d’auteurs. Le Sang de la cité, signé Guillaume Chamanadjian, ouvre le bal et pose une partie du décor. Citadins de demain, de Claire Duvivier (auteure, l’année dernière, du très remarqué Un long voyage), lui offrira à l’automne prochain un contrepoint septentrional. Deux villes – Gemina, la capitale du Sud ; Dehaven, celle du Nord –, deux trilogies, une saga aux intrigues entrelacées.
Mais revenons au Sud : à Gemina, ceinte d’une double muraille, la guerre entre les Maisons fait rage. Nohamux, dit Nox, fils adoptif du duc Servaint de la Caouane (qui les a découverts, lui et sa soeur Daphné, « enfants beuglant de terreur », recroquevillés dans une cellule enténébrée), est le narrateur de ce premier tome. L’oeil du lecteur, en somme, agile commis d’épicerie grâce auquel nous découvrons cette bouillante cité, « ruelles bondées de marchands ambulants » et placettes inondées de soleil, où se livrent des parties de tour de garde – un jeu de plateau avec figurines extrêmement populaire.
Servaint projette de créer un canal reliant le Nord au Sud. L’initiative, fatalement, dérange les Maisons du centre. Ces messieurs intriguent donc, trahissent, des meurtres ne tardent pas à se succéder : on est plus proche des Borgia que du Seigneur des anneaux. Et le rôle de Nox ? En l’état, il demeure périphérique. Mais on n’en restera pas là. Entré en possession d’un ouvrage de poésie à la « structure mystérieuse », le jeune garçon découvre l’existence du Nihilo, un monde parallèle écrasé de silence et de ténèbres, où rampe une brume menaçante.
La musique des mots comme passage vers l’ailleurs ? Bienvenue dans la métafantaisie ! De fait, tissé d’une langue très évocatrice, Le Sang de la cité séduit surtout, pour l’heure, par son atmosphère. Les promesses dramaturgiques abondent. Il faudra les tenir.