3 QUESTIONS À MAÏTHÉ VALLÈS-BLED
La directrice du musée Paul-Valéry à Sète, évoque pour nous les liens profonds du poète avec la peinture.
Quelle est la vocation du musée Paul-Valéry ?
On considère souvent Valéry comme un grand écrivain doublé d’un académicien austère. Sa poésie comme ses Cahiers témoignent pourtant d’une grande ouverture et d’une remarquable approche de la société de son temps. Le regard qu’il porte sur l’Europe est visionnaire et immédiatement contemporain : les mêmes questions nous animent aujourd’hui. Son oeuvre poétique a souvent été réduite à quelques textes parmi les plus célèbres, comme
La Jeune Parque, oubliant des poèmes tardifs beaucoup plus libres sur le plan formel. Le rôle du musée PaulValéry est de faire connaître son oeuvre dans toute sa diversité au public le plus large possible.
On méconnaît souvent l’oeuvre picturale de Valéry alors qu’il a dessiné toute sa vie…
Valéry n’a jamais cessé de peindre et de dessiner. La vie portuaire sur les quais de Sète lui offre, enfant, ses premiers sujets, puis ses études à Montpellier lui ouvrent les portes du musée Fabre où il découvre Zurbarán et Courbet. Mallarmé l’introduira ensuite dans le monde artistique et aura l’idée de son union avec Jeannie Gobillard, petite-nièce de Berthe Morisot. Valéry entretiendra une relation intime avec la peinture, mais ne se prévaudra jamais de la pratiquer. Grâce aux donations de sa veuve et de sa fille, le musée a la chance de compter un ensemble important de ses oeuvres picturales.
Comment le musée célébrera-t-il le 150e anniversaire de la naissance de Valéry ?
L’espace dédié au fonds Paul Valéry a été réaménagé pour l’occasion et présente, en plus de ses collections, le travail d’artistes contemporains français et étrangers en dialogue avec ses textes. À l’occasion des journées Paul Valéry, en septembre chaque année, nous invitons des artistes américains, anglais, japonais…
Ces journées mettent en lumière l’un des aspects de son travail, comme sa relation à la Méditerranée, à la peinture, aux sciences. Le musée souhaite porter un regard sur son héritage tout en l’inscrivant dans la contemporanéité, puisque toute oeuvre que l’on n’aborde pas ainsi est vouée à être reléguée dans le passé.