LE SUD RÉVÉLÉ EN 4 CHEFS-D’OEUVRE MÉCONNUS
LE DERNIER FEU Maria Borrély (Parole/Main de femme, 2018)
Deux parrains prestigieux ont soutenu la Marseillaise Maria Borrély : André Gide incita Jean Paulhan à publier son premier roman Sous le vent, puis Jean Giono préfaça
Le Dernier Feu en 1931. Institutrice et syndicaliste, elle était fascinée par la terre. Perché sur l’échine galeuse d’une colline et confondu dans la pierraille, un petit village provençal du plateau de Valensol est sur le déclin. Ses habitants sont soumis aux caprices de l’Asse, un torrent impétueux. Ils doivent abandonner leurs terres. Une vieille femme ne s’y résout pas.
CHRONIQUE D’UN CHÂTEAU HANTÉ Pierre Magnan (Gallimard/Folio, 2009)
Écrivain à succès grâce aux aventures du commissaire Laviolette, Pierre Magnan aurait aimé être peintre. Dans Chronique d’un château
hanté, un roman policier, il a dessiné des fresques de la Provence. En 1349, la peste noire frappe Manosque où Lombroso, le peintre officiel d’un prince de Mantoue vient d’arriver. Il s’inspire des ravages de l’épidémie pour réaliser des tableaux provençaux. Son oeil est exercé à voir. Des nonnes, qui avaient tiré derrière elles un lourd chariot de nuit, ont été assassinées. Il part à la recherche d’un objet, qui se révélera être un trésor spirituel rapporté de Jérusalem. Le livre s’étale sur six générations du xive siècle à nos jours.
MONTAGNE AUX SOLITUDES Jean Proal (La Trace, 2021)
Chez Jean Proal, lauréat du Grand Prix de Provence en 1961, les paysages métamorphosent les personnages. Montagne aux
solitudes avait paru en pleine libération de la France. Dans ce récit, l’auteur se détache de l’influence de Giono. Deux soldats isolés dans un fort militaire de l’arrièrepays de Toulon aiment la même femme, Claire. Le livre est composé des journaux intimes des deux prétendants. Le premier accède à celui de son rival et poursuit l’écriture de son journal après sa lecture par effraction. Ébranlé par cette intrusion, il décide d’orchestrer son départ. À lire aussi, réédité chez le même éditeur toulonnais, Histoire
de Lou, un conte écologique universel dans la veine du Petit Prince.
LA RUE COURTE Thyde Monnier (Grasset/Les Cahiers rouges, 1998)
Thyde Monnier était une figure littéraire et féministe des années 1950-1960. La Rue courte, sorti en 1937, est baigné de soleil. Le village d’Allauch lui a servi de décor. Dans les bas-fonds provençaux, une jeune fille à l’âme pure poursuit une chimère en voulant sauver de son milieu un voyou et souteneur. Les petites gens ploient sous le labeur dans le quartier de la Rue courte. Drames, ragots, larmes… Thyde Monnier transcrivait « les passions violentes et simples du peuple ».