QU’EST-CE QU’ON ÉCRIT ? Pic ou pique ?
Avec le retour, que l’on prévoyait animé, des gaietés électorales, il aurait été bon que l’on sût enfin de quelle façon écrire ces « piques » qu’adorent se lancer les candidats à l’approche d’un scrutin. Car, pour une fois que le français reprend ses droits, qu’on ne se contente plus de « tacler » l’adversaire ou de le faire plier sous le poids des « punchlines », il est navrant de constater que l’on ignore tout ou presque de la physionomie et du sexe de ces saillies assassines, de ces allusions blessantes, de ces flèches empoisonnées si représentatives, pourtant, du génie français. Laissons donc une fois pour toutes le mâle pic à la Sharon Stone de Basic Instinct, au Woody Woodpecker des dessins animés de notre enfance, voire, plus près de nous, à ces épidémiologistes qui s’ingénient à le placer (au petit bonheur la chance, le plus souvent) à un endroit ou à un autre de la courbe des contaminations. Et tournons-nous bien plutôt vers l’arme d’hast, autrement appropriée, convenons-en, à la représentation métaphorique des vacheries susdites. Comment, d’ailleurs, le mot pourrait-il n’être point féminin quand on se souvient du fascinant duel auquel se livrent Célimène et Arsinoé dans Le Misanthrope ? Quand c’est bien, il faut le dire aussi : la langue française se sera montrée assez inclusive pour reconnaître, par le truchement du genre, l’incontestable supériorité de la gent féminine dans ce domaine !