LA GRANDE TRANSFORMATION
Après l’énorme succès de L’Archipel français, Jérôme Fourquet, en collaboration avec Jean-Laurent Cassely, brosse le portrait de notre pays en mouvement.
C’est assurément un grand livre. Plus d’un siècle après Le Tour de
la France par deux enfants, voici La France sous nos yeux, celle issue de la « grande métamorphose » des quarante dernières années. À quelques mois de la présidentielle, les deux auteurs donnent à voir, à sentir et à entendre le pays, car on y parle de paysages comme de frangipane ou d’accent. À l’appui de cette description, de nouveaux panoramas, modes de vie et classes sociales aussi bien que des cartes, des sondages ou de la littérature. Une richesse de sources et de références qui rend l’ouvrage très accessible. Dans cette France de l’après, Disneyland est devenu un passage quasi obligé pour les plus jeunes, le zoo de Beauval attire plus que le château de Chambord et les parcs se sont multipliés, comme un symbole de ce glissement vers une société du divertissement et de la consommation. Les cartes des entrepôts et noeuds routiers, définissant cette France de la logistique, sont éclairantes et révélatrices du poids des grandes enseignes qui ont redessiné les paysages mais pas seulement. Les classes sociales aussi ont changé, et l’on se définit socialement parfois davantage par ce que l’on consomme que par son métier (selon que vous achetiez Lidl, Intermarché ou Le Slip français…). Le cariste est le nouveau visage de l’ouvrier, le service à la personne de plus en plus important et les représentants de
« la start-up nation » commencent à se définir comme groupe social. Partout, des Français sont en voie de « stéphane plazaisation ». L’animateur est, pour les auteurs, un symbole de la France cocon qui soigne son intérieur et son jardin. Car si la banlieue donne le la pour la musique, elle ne fait pas partie du versant désirable du pays, même si on lui doit le taco français, autre véritable évolution, culinaire cette fois.