Le baron perché
Bernard Quiriny sort de l’ombre l’aristocrate Archibald d’Handrax, écrivain fantasque (et réel ?), que l’on peut redécouvrir grâce à ces deux publications.
Il avait tout de l’excentrique anglais mais n’a vécu que dans l’Allier. S’il n’existait pas, il faudrait l’inventer. Bernard Quiriny a eu le privilège de fréquenter Archibald d’Handrax lors des dernières années de sa vie. Ce grand homme, barbu et bedonnant, était baron de son état. Il faut croire que ce titre prédispose à la fantaisie, tant il rappelle un autre baron, Albert de l’Espée, héritier Wendel. Plus modestement, d’Handrax vivait dans le manoir de ses ancêtres, près de Moulins. Bigame, il avait deux familles à demeure, une dans chaque aile de sa maison. Politiquement inclassable, il aimait Lénine et Maurras. Ses passetemps ? Racheter toutes les maisons de son village et les laisser figées en l’état, ou bien organiser des dîners de sosies – on pouvait souper chez lui avec de faux Nietzsche, Joséphine Baker ou George Sand…
Ce que l’on sait encore moins au sujet d’Archie d’Handrax, c’est que ce disciple de Bartleby était un écrivain velléitaire. À sa mort, Quiriny a épluché ses manuscrits inachevés. En plus de nous livrer un émouvant (et fascinant) Portrait du baron d’Handrax, il édite et préface Carnet secret (qui paraît simultanément) du plus facétieux de ses amis. On y trouve des maximes, des paradoxes, des citations piquantes glanées ici et là, des paragraphes cocasses sur la vie moderne et quelques uchronies tout aussi savoureuses. Maintenant que Quiriny a posé la première pierre de sa réhabilitation, allons plus loin : à quand l’entrée du baron d’Handrax au Panthéon ?