3 questions à Thierry de Peretti
Nous avons rencontré le réalisateur du thriller Enquête sur un scandale d’État, tiré du document L’Infiltré.
Quel a été le point de départ ?
J’ai lu le livre qui m’a captivé : l’histoire d’un infiltré chez les dealers. Pas si convaincu de passer trois ans de ma vie sur le sujet, j’ai pourtant rencontré les auteurs, Emmanuel Fansten, le journaliste de Libération, et Hubert Avoine, « l’infiltré » en question. Leur relation était très singulière, ils se chamaillaient, ça partait dans tous les sens, mais cette fusion m’intéressait. Pour réaliser le film, il fallait donc passer du temps avec eux, les suivre afin que je comprenne leur univers. Le film, c’est davantage leur relation, leur travail, que l’adaptation du livre. Ils sont devenus des personnages de fiction et de cinéma.
Vous êtes manifestement plus intéressé par ces personnages que par le genre du polar…
L’intrigue est intéressante, c’est un fait divers, mais la question que je pose est simple : puis-je en faire du cinéma ? Je me suis rapproché des oeuvres de Francesco Rosi : Main basse sur la ville, Salvatore Giuliano, Lucky Luciano… À leur manière, mon film est un récit en kaléidoscope qui pousse le spectateur à être présent. C’est d’ailleurs ce que j’ai moi-même ressenti : plus j’avançais plus je comprenais ce qui arrivait dans cette histoire. Le récit passe par les personnages, mais j’ai aussi besoin de ces moments envoûtants, sensuels, et pas directement liés à l’intrigue. Je ne veux pas filmer des camions pleins de drogue et des méchants contre la police. Ce qui m’intéresse, c’est de voir le monde dans lequel cette affaire se déroule.
Écriture, tournage, montage…, quel moment préférez-vous ?
Je ne sépare pas. J’écris aussi pendant le tournage. Par exemple, la longue scène finale du procès est née à ce moment-là. J’ai aussi retourné des plans pendant le montage. J’aime quand le film est organique, vivant. Qu’on ne sache pas comment les choses évoluent, et que les personnages gardent leur mystère.