LE PLUS BEL ÂGE
L’Âge des amours égoïstes est une déambulation générationnelle semblable à celles que son auteur avait déjà offertes. Mais c’est aussi un roman par lequel Jérôme Attal franchit un cap.
En 2007, son premier roman s’intitulait L’Amoureux en lambeaux.
En quinze ans et seize livres, Attal a diablement varié les univers, les époques et les thèmes, mais il a bel et bien trouvé son fil conducteur : l’art, l’amour et les manières de vivre, d’aimer, de partir. Ses figures, aussi : Marguerite Duras, Gainsbourg, Huguenin, Giacometti, Chateaubriand. Ses histoires sont souvent des flâneries sentimentales, littéraires et artistiques, ce qui est aussi le cas pour L’Âge des amours égoïstes. Nico, le narrateur, est étudiant en histoire de l’art. Cette année de fac devrait être la dernière. Chez les Peggy Sage, le groupe dans lequel il est chanteur, flotte aussi comme un parfum de fin, car chacun porte en lui d’autres rêves et d’autres urgences. Pour Nico, ces deux dernières notions s’incarnent dans un seul et même prénom : Laura, dont il tombe éperdument amoureux. Vous découvrirez ce qu’il adviendra de leurs amours. Pour le reste, nous suivrons Nico et les siens durant ces fins de cycles qui en appellent d’autres. Bien plus qu’un simple roman d’étudiants, ce texte est aussi un récit d’initiation. À travers lequel Nico va enfin devenir l’adulte qu’il est à 25 ans. On retrouve ici ce que l’on apprécie chez Attal : cette propension à capter et à camper une ambiance, son autodérision, son élégance sans affèteries ni effets de manche, ses
références, et ce romantisme dénué d’angélisme (« Le désir est un récit dont
l’amour est le rêve »). On notera surtout une écriture plus incisive, plus efficace. Ce nouveau roman révèle un auteur qui a gagné en densité, sans renoncer à la légèreté qui l’a toujours caractérisé. Une belle manière de tenir le fil de ses idées.