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MATHS SENSIBLES
1 000 000 000 - 1 = 999 999 999. C’est évident. Ce nombre, on le voit. Pour résumer, les mathématiques, il faut les voir. D’ailleurs, si un cerveau en train de calculer était transparent, le spectacle serait fascinant. En lisant le livre du mathématicien David Bessis, on ne sait plus où donner de la tête, mais on se passionne pour cette matière longtemps détestée. Le normalien, chercheur au CNRS, réussit avec Mathematica le tour de force de rendre une équation sexy et de lever un sort : non, il n’y a pas de bosse ou autre gnon des maths, avec d’un côté les bons par la grâce d’Euclide, et de l’autre les nuls. C’est un muscle, une discipline, limite une hygiène de vie. Qui apprécierait des partitions de musique qui ne pourraient être interprétées ? Imaginez que l’on puisse jouer les maths comme une partition : une étoile qui devient équation se traduirait par creux-pointe-creux-pointe-creux-pointecreux-pointe…
Il faut « refuser d’apprendre et aborder les maths comme une expérience sensuelle. La fonction des énoncés mathématiques est de susciter des images mentales et seules ces images mentales permettent de comprendre. Une fois qu’on a les bonnes images mentales, tout devient évident », nous dit l’auteur. On croise dans ces pages des exercices de visualisation, l’athlète Fosbury, le mode d’emploi d’un grille-pain, l’intérêt du « système 3 » et quelques génies. Une lecture enrichissante. Quant à savoir « combien fait la somme des nombres entiers de 1 à 100 ? », on se donne encore un peu de temps pour comprendre… pourquoi on s’est trompé.