« Une école de dessin avant tout »
Le saviez-vous ? Il existe une école de manga en France, la Human Academy, et elle se trouve à Angoulême, ville connue pour son Festival international de la BD. Entretien avec sa directrice, Caroline Parsons.
Qu’est-ce que la Human Academy ?
Caroline Parsons. C’est une école japonaise de manga, d’animation et de jeu vidéo, qui existe depuis longtemps au Japon. Elle appartient à une corporation, la Human Holdings, qui compte diverses écoles ou universités là-bas. Le taux de natalité étant en baisse dans ce pays depuis plusieurs décennies, il y a une chute du nombre d’étudiants et, donc, de clients. La Human Holdings a décidé de s’exporter en Asie, mais aussi en Europe. La France connaissant un engouement pour le genre depuis une dizaine d’années, elle se révélait donc intéressante pour y implanter une école de manga. Différentes villes ont été visitées et le choix s’est porté, assez naturellement, sur Angoulême, connue au Japon pour son festival. Aussi, le poids du pôle de développement économique local, Magelis, spécialisé dans le domaine de l’image, a été déterminant.
Quand a-t-elle été inaugurée ?
C.P. En septembre 2015. On ne comptait alors qu’une vingtaine d’étudiants. Aujourd’hui, nous en avons 200 !
Avez-vous décalqué le modèle japonais ? Ou l’avez-vous adapté ?
C.P. Les professeurs japonais qui travaillent à Angoulême n’ont pas vraiment changé, car c’est dans leur ADN. Ils sont très hiérarchiques, avec un esprit maître-élève marqué. Pour les autres, c’est différent. L’esprit d’une école française, particulièrement en art, repose sur l’idée d’être d’égal à égal – même si l’enseignant a davantage d’expérience, de connaissances –, avec des échanges. Les étudiants sont encouragés à s’exprimer, à avoir un point de vue.
Qu’apprend-on à la Human Academy ?
C.P. C’est une école de dessin avant tout. Et il faut avoir l’esprit japonais, avec une connaissance de la culture visuelle, une capacité à être un tant soit peu réaliste. En première année sont enseignées les bases de l’anatomie, de la perspective. Vous devez apprendre à capter les modèles vivants, retranscrire les mouvements, montrer les relations entre les personnages et l’arrière-plan, à avoir des bases de design, de volumes, etc. Il y a aussi des cours de langue étrangère – japonais ou anglais. Ça, c’est pour le tronc commun. Ensuite, vous avez des spécialisations en manga, en animation ou en jeu vidéo. Le cursus repose sur trois ans. Mais il y a aussi une année de préparation pour tous les autodidactes ou les étudiants qui n’ont aucune expérience dans le domaine du dessin. Nous proposons aussi une quatrième année pour tous ceux qui le désirent.
Combien de dossiers avez-vous reçus l’an passé ? Et combien d’étudiants sont acceptés au final ?
C.P. Nous avons enregistré 150 dossiers pour 80 places. Avec des profils très variés, qui viennent surtout de France, mais aussi de l’étranger – de Suisse, mais aussi d’Égypte, du Gabon, du Sri Lanka… Le nombre de demandes augmente chaque année.
Enfin, combien coûte un an à la Human Academy ?
C.P. Le coût est de 7300 euros. Et nous n’avons pas augmenté nos tarifs depuis la création.