BUG. LIVRE 3
C’est toujours un événement : le retour d’Enki Bilal, avec son trait inimitable et ses dégradés de bleu majestueux. C’est en 2017 qu’on avait pu découvrir sa nouvelle série – qui devrait compter cinq tomes –, Bug. Dans un futur proche, la Terre aurait connu un BNG (« bug numérique généralisé ») lié au retour d’un astronaute, Kameron Obb, de la planète Mars. À la suite de cet événement, toutes les données numériques se sont ainsi volatilisées, comme par magie. Un véritable cauchemar, une apocalypse pour ce monde hyperconnecté. Mais toute la mémoire de notre univers a trouvé un réceptacle, en la personne de ce voyageur de l’espace, infecté par un organisme extraterrestre inconnu. Il va sans dire que l’hypermnésie de notre héros va attiser les convoitises des gouvernements, des autorités religieuses et des diverses mafias… Nous ballottant de Barcelone à la Sibérie en passant par la Libye, Marseille ou Paris (y compris les bureaux de l’Élysée !), ce troisième opus situé en 2042 fait la part belle aux personnages féminins – mention spéciale à la tsarine et à l’historienne Eliz Desplantes… Aussi, Bilal nous en apprend plus sur les origines du BNG, et nous fait suivre son protagoniste, à la beauté bleutée, cherchant coûte que coûte à protéger sa fille, Gemma, avec laquelle il peut communiquer par une sorte de télépathie… Pour le plaisir de la rétine (mais pas seulement), le célèbre scénariste et dessinateur met au service de son sujet son inimitable coup de crayon (particulièrement brillant pour les scènes en avion!) pour créer des ambiances froides, collant remarquablement à ce futur anxiogène. De quoi nous mettre la puce à l’oreille…