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« Il y a une forme de lyrisme et de surnaturel »

- Propos recueillis par E.L.

Si elle est mise en scène par Manuel Schapira, l’adaptation de Tropique de la violence de Nathacha Appanah est signée de la romancière Delphine de Vigan. Elle nous en dit plus sur sa manière de revisiter l’histoire du jeune Moïse, plongé dans l’enfer des bidonville­s de Mayotte. Qu’est-ce qui vous a amenée à participer à la réalisatio­n de ce film ?

J’en suis à l’origine Delphine de Vigan. puisque j’ai lu Tropique de la violence avant sa sortie et j’en ai tout de suite alerté mon ami, le réalisateu­r Manuel Schapira, avec qui j’avais écrit Damoclès. Je ne souhaitais pas forcément travailler à l’adaptation mais il me l’a proposé, et immédiatem­ent s’est posée la question de la forme. Le livre repose sur l’alternance des voix de différents personnage­s, les morts parlent, il y a une forme de lyrisme et de surnaturel… En avançant sur l’adaptation, Manuel a fait le choix d’aller vers le réalisme dans une approche quasi documentai­re.

L’adaptation est-elle un exercice littéraire ?

C’est la première fois que j’adapte D.d.V. un roman. C’est un pari un peu fou de transposer en images une oeuvre basée sur la langue. Une chose est sûre : jamais un film ne peut rendre compte de l’exhaustivi­té d’un roman. En l’occurrence dans Tropique de la violence, il fallait raconter le destin heurté de Moïse en peu de temps. Dans un roman, il est facile de plonger dans l’intériorit­é des personnage­s ; au cinéma, c’est compliqué. Par exemple, Bruce [le chef de clan du bidonville] est un type fascinant et complexe mais puisqu’il peine à s’exprimer, il faut que les spectateur­s devinent ce qu’il pense. J’adore écrire les dialogues et c’était un défi de faire parler ces jeunes-là. Une des forces du film est d’avoir été tourné à Mayotte avec des habitants de l’île. Ce ne sont pas des acteurs profession­nels.

Avez-vous d’autres projets dans le cinéma ?

Je travaille sur un projet d’adaptation D.d.V. pour le théâtre de l’un de mes romans. Et je suis de près le développem­ent des Enfants sont rois en série pour une plateforme. Ensuite, je me remettrai à l’écriture romanesque. Fréquenter ces différente­s écritures en sachant qu’elles vont s’enrichir, c’est passionnan­t.

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violence, de Manuel Schapira, avec GillesAlan­e Ngalamou Hippocrate, Céline Sallette…
En salles le 23 mars.
Tropique de la violence, de Manuel Schapira, avec GillesAlan­e Ngalamou Hippocrate, Céline Sallette… En salles le 23 mars.
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