MARINA TSVETAÏEVA, AMOUREUSE TOTALE

Avec défi, je porte son anneau/ Épouse dans l’éternité – pas sur le

papier. » Poétesse absolue, la Russe Marina Tsvetaïeva menait sa vie amoureuse comme elle menait son oeuvre : avec un engagement total et une liberté totale, ce qui n’allait pas sans douleurs. À 19 ans, invitée chez le poète Volochine, elle s’éprend du jeune Sergueï Efron, qui devient son mari – ce qui ne l’empêche pas d’aimer aussi la poétesse Sophia Parnok. Fidèle à sa façon – comme son mari, elle épousera la cause des Russes blancs, et le suivra dans ses exils –, elle connut de nombreuses passions : avec Ossip Mandelstam, en 1916, avec le comédien Youri Zadavski ou la comédienne Sonia Holliday durant ses années moscovites… Mais sa manière d’aimer, qui abhorrait toute tiédeur, n’était pas toujours payée en retour. Cela se lit notamment dans sa Tentative de jalousie, adressée à un amant qui, en 1923, l’avait quittée pour en épouser une autre : « Est-ce que ça va, la vie, avec une autre ?/Plus simple, n’est-ce pas ? Un coup de rame,/Et le rivage s’enfuit,/L’oubli arrive vite pour vous.//Moi, je suis terre voguant/ Pas sur les eaux – au ciel,/Car les âmes, pour vous/ Ne sont que des âmes soeurs.//Comment ça va, la vie, avec une femme/Tout ordinaire et sans divinité,/La reine d’un trône renversé !/Vous voilà, vous aussi – détrôné ! » Comme Maïakovski, qu’elle admirait, Tsvetaïeva cherchait des amours sublimes, et la sublimation amoureuse lui venait naturellement. Ceux qui n’en étaient pas dignes tombaient alors de très haut.