LE NOUVEAU AMANDA STHERS
Poursuivant une femme infidèle jusqu’en Italie, Jacques échoue à Naples où il fait la connaissance de Maurizio, qui lui propose de s’installer dans une petite chambre, au-dessus de son café. Depuis son poste d’observation, celui qui est caricaturiste Piazza del Plebiscito le soir et esseulé la nuit voit défiler le jour une humanité touchante et blessée comme lui : cohue joyeuse des petits déjeuners au son du napolitain, imbroglio amoureux incarné par un crocodile, médecin chinois à la recherche de l’harmonie, jeune homme tentant d’échapper à la Camorra, mythomane pour qui tout le monde, même Marilyn Monroe, est napolitain.
C’est à une ronde que nous invite Amanda Sthers, avec pour dénominateur commun le Café suspendu, habitude napolitaine de payer un café d’avance pour celui qui n’aurait pas les moyens de s’en offrir. De cocasses arrangements avec la vie en fulgurances poétiques, c’est subtil et vivant, même si on est loin de la superbe cruauté d’une Anna Maria Ortese, ou du féminisme flamboyant et tragique d’une Elena Ferrante – cette dernière fait d’ailleurs une apparition dans le récit sous les traits d’un écrivain sans visage. Mais ne boudons pas notre plaisir. Sthers est une conteuse et Naples sera toujours Naples, sublime et ordurière. Les amoureux de la ville retrouveront ses rituels, son peuple et la générosité de « ce paradis habité par des diables ». Une tasse d’un café serré plein d’âme. ★★☆☆☆ LE CAFÉ SUSPENDU AMANDA STHERS 234 P., GRASSET, 19 €. EN LIBRAIRIES LE 4 MAI.