Les amours contraires
Avec Tout comme toi, l’auteur de Haute fidélité dresse le portrait d’une Grande-Bretagne déchirée par le Brexit, où un couple affronte les obstacles du monde moderne.
Londres. 2016. Le coup de foudre s’abat souvent là où l’on s’y attend le moins. Lucy, 42 ans, pousse la porte de la boucherie de son quartier bobo. Derrière le comptoir, Joseph, 22 ans, rêve d’une carrière de DJ et cumule les petits boulots. Alchimie immédiate. Il est décidé que Joseph, baby-sitter occasionnel, gardera les garçons de Lucy, séparée de son mari alcoolique et drogué. Ils multiplient les prétextes pour se voir. Mais l’amour qui éclot peine à s’épanouir en cette période ternie de tensions sociales. Pour ou contre le Brexit ? Deux camps s’affrontent. Le référendum s’invite dans toutes les conversations : chômage, immigration, racisme, pouvoir d’achat, pressions de l’Union européenne… Les difficultés jonchent le chemin tortueux de nos amoureux : différence d’âge, de classe sociale, de culture, d’opinions et de couleur de peau. Lucy ouvre les yeux sur les imperfections de notre société contemporaine. Directrice de département, professeure de littérature, et européenne dans l’âme, elle vit dans la sidération d’une rupture avec le continent. Joseph, sans projet d’avenir, se sent tiraillé. Jouir d’un amour semble bien compliqué en ces temps troublés.
Depuis le succès des formidables Carton jaune et Haute fidélité, on sait que Nick Hornby possède plus d’une plume dans son sac – professeur, journaliste, essayiste, scénariste, parolier… Avec Tout comme toi, l’écrivain britannique (plusieurs fois adapté au cinéma) a indéniablement l’art de conjuguer comédie romantique et satire sociale, et de mettre en lumière les clivages et désunions au sein de nos sociétés bouleversées. Derrière ce titre où il est question d’altérité en miroir, Hornby s’interroge sur ce qu’il en est aujourd’hui de la tolérance, de la bienveillance ou du vivre-ensemble. Et au-delà du destin croisé de ses personnages (bien croqués), il nous propose un livre d’époque, bien moins anecdotique et léger qu’il n’en a l’air.