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Ripoux en scène

Le journalist­e Justin Fenton mène l’enquête sur la police grangrenée de Baltimore. Un récit sidérant.

- Éric Libiot

Selon l’expression consacrée, La ville nous appartient, de Justin Fenton, se lit comme un roman. Du début à la fin, de haut en bas, sans passer une seule page tant cette histoire est sidérante. Ce document se situe entre fait divers et roman noir : la réalité pour ce qu’il décrit, le romanesque pour le récit qui s’attache aux « personnage­s ». On pourrait même parler de saga, puisque cette histoire se déroule de février 2003, date à laquelle Wayne Jenkins entre dans la police de Baltimore, à janvier 2020, au moment où Justin Fenton reçoit une lettre de Jenkins, alors incarcéré. Ce dernier est en taule pour trafic, racket et corruption en bande organisée (des flics sous ses ordres). Fenton, lui, est journalist­e au Baltimore Sun et couvre les affaires criminelle­s. Il suit particuliè­rement Jenkins et sa bande, chargés de nettoyer les rues dans une ville où la criminalit­é atteint des records. Et, de fait, Fenton va suivre l’« affaire Jenkins » des bureaux du commissari­at à la salle du tribunal.

La ville nous appartient raconte par le menu cette affaire qui sidéra policiers, politiques et citoyens. Fenton reprend articles, entretiens, témoignage­s, et les remet en scène avec un talent certain. C’est à la fois factuel et incarné. Du journalism­e à l’américaine qui s’éloigne du point de vue éditorial pour éclairer la marche du pays. Au Baltimore Sun, Fenton a succédé à David Simon, devenu scénariste et auteur de la plus grande série de tous les temps : Sur écoute (The Wire). Simon a d’ailleurs adapté La ville nous appartient en série, diffusée sur OCS depuis le 26 avril.

★★★★☆

LA VILLE NOUS APPARTIENT (WE OWN THIS CITY)

JUSTIN FENTON

TRADUIT DE L’ANGLAIS (ÉTATSUNIS) PAR PAUL SIMON BOUFFARTIG­UE, 411 P., SONATINE, 22 €

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