Avec les maîtres du son
Derrière les livres audio ne se cachent pas seulement des voix mais des savoir-faire dont le talent consiste justement à ne jamais se faire remarquer. Ingénieurs du son, mixeurs, monteurs, etc. oeuvrent dans l’ombre pour nous offrir les plus beaux moments
En matière d’enregistrement de livres audio, tout est question de technicité. Celle du comédien-lecteur, bien entendu, à qui incombe la lourde tâche de donner vie à une oeuvre, mais également celle des techniciens (ingénieurs du son, mixeurs, monteurs…), ces artisans de l’ombre chargés de rendre l’expérience d’écoute la plus harmonieuse possible. Dans la plupart des cas, les livres audio sont enregistrés tels quels avec nul autre artifice que la voix du comédien ou de la comédienne. C’est peu ou prou ce que fait Studios VOA, qui s’appuie sur un dispositif simple : un comédien dans un studio d’enregistrement, une régie et un seul et même technicien pour s’occuper de l’enregistrement, du montage et du mixage. Ou comment mutualiser les prestations pour tendre vers plus d’efficacité.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la durée des sessions d’enregistrement n’est pas calculée en fonction des pages ou des lignes mais des mots, l’ingénieur du son se calant avant tout sur la rythmique de la voix du comédien. « Pour une heure d’enregistrement, il faut compter environ une demi-heure d’audio utile, soit un total de dix-huit heures d’enregistrement pour un livre audio standard », explique Leo Gutierrez, ingénieur du son chez VOA.
les respirations font partie intégrante de l’enregistrement et sont gardées afin de rendre l’écoute plus naturelle
Une question d’harmonie
Ainsi, les sessions d’enregistrement peuvent s’étaler sur plusieurs jours, la voix du comédien étant un outil précieux qui ne peut supporter plus de trois à quatre heures de lecture. En musique, comme pour les livres audio, l’harmonie est le mot clé et il n’est pas rare que, durant la postproduction, l’ingénieur du son repasse sur certains passages en se basant sur des marqueurs qu’il aura balisés pendant l’enregistrement quand il ne fait pas la correction en direct. Vient ensuite le nettoyage des pistes pour effacer tous les bruits de bouche et la compression des voix pour que celles-ci paraissent plus présentes à l’oreille. Contrairement aux montages sons des publicités et des films, les respirations font partie intégrante de l’enregistrement et sont gardées afin de rendre l’écoute plus agréable et naturelle. C’est ce même souci d’authenticité qui pousse le studio à réduire le mixage au strict maximum, l’objectif étant de ne pas parasiter la voix du comédien avec des effets superflus. Le studio Rosalie, également spécialisé dans l’enregistrement de livres audio, suit pour sa part une méthode bien particulière. En faisant appel à des réalisateurs aussi bien aguerris à la direction d’acteurs qu’à la prise de son, le studio a décidé de ne pas choisir entre la technique et l’artistique. « Plutôt que d’embaucher des ingénieurs du son qui n’ont aucune appétence pour la littérature, j’ai décidé de faire appel à des profils qui avaient de solides qualités littéraires et de direction d’acteurs ainsi qu’une base technique suffisante pour superviser un enregistrement », nous explique Jean-Christophe Vareille, fondateur de Rosalie. Posté dans une cabine derrière le comédien, le réalisateur guide celui-ci durant toute la durée de l’enregistrement afin de créer un lien qui ne se fera que par la voix. L’enregistrement est ensuite confié à un mixeur qui s’occupera également du montage. Mais là encore, le lien avec la littérature est primordial : « Toute notre équipe est composée de personnes ayant une formation ou une sensibilité littéraire très forte », poursuit Jean-Christophe Vareille. Et si les livres audio sont pour l’instant totalement dépourvus d’effets sonores, une alternative est encore possible. Directrice des contenus Audible France, Ainara Ipas nous promet l’arrivée prochaine d’une version « immersive » de Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne. Une façon supplémentaire d’appréhender notre rapport au livre audio et d’allier narration et innovations techniques dans un maelstrom qu’il nous tarde d’écouter !