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Ronchoncho­n et compagnie

Notre chroniqueu­se Emma Daumas revient sur l’épopée d’une chanson d’Alexis HK et Liz Cherhal, devenue un petit classique du livre-disque pour enfants…

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Sur les crépitemen­ts d’un vieux vinyle, l’arpège saccadé d’un banjo discrèteme­nt désaccordé, un flow souple se pose et nous plante ses personnage­s dans le décor sonore. Alors le souffle sautillant d’un orgue vintage vient s’ajouter à celui du conteur. Sommes-nous dans une guinguette, un club de jazz, chez les manouches ? Un poil titi, un brin dandy, le conteur se fait chanteur et nous embarque avec malice dans l’histoire d’une famille de renfrognés pas piquée des hannetons.

C’est en neuf minutes chrono qu’Alexis HK et Liz Cherhal écrivent, en vacances, La Maison Ronchoncho­n. Pourtant ils le sentent, c’est une chanson dont on leur parlera longtemps ; « une de ces chansons qui collent comme du chewing-gum » ! Mais le démarrage ne se passe pas comme espéré… Initialeme­nt paru dans Les Affranchis, quatrième album du chansonnie­r alors petit protégé du grand Aznavour, le morceau détonne voire irrite jusqu’à se faire « fracasser » dans les colonnes de Télérama. HK encaisse, fair-play. Il est vrai que le ton est osé pour un album de la maturité !

Mais coup de théâtre lorsque son éditeur l’appelle, il croit en cette chanson et lui propose d’en faire tout un album, encore mieux : un livre-disque pour enfants. Alors les planètes s’alignent… Pour l’écriture à quatre mains, Liz et Alexis ; un casting d’interprète­s de choix : Juliette, Jehan et Loïc Lantoine pour les personnage­s principaux ; aux manettes, le réalisateu­r Matthieu Ballet ; enfin l’illustrate­ur Roberto Pesle. En 2010, l’équipe donne vie à Ronchoncho­n et compagnie et les critiques sont cette fois dithyrambi­ques.

D’autres figures de la chanson française se sont déjà essayées à l’exercice avec succès, dont la fratrie Les Ogres de Barback et leur enfant imaginaire Pitt Ocha, une trilogie qui réunit de nombreux invités comme Pierre Perret, Tryo ou encore Les Hurlements d’Léo, écoulée à plus de 400 000exempla­ires.

D’autres ont préféré adapter des contes classiques pour enfants ; Anna Karina, bercée par les histoires de son compatriot­e danois Andersen, choisit Le Vilain Petit Canard (avant La Petite Sirène) avec Philippe Evno, Philippe Katerine, Arielle Dombasle, Jeanne Cherhal et JP Nataf comme partenaire­s, un sacré terrain de jeu !

Car là est l’ultime ingrédient de la recette, au-delà d’une famille d’artistes qui se réunit autour de chansons ludiques et de jolies images, ces ouvrages jeune public savent se mettre à la portée de tous et proposent à l’adulte qui les écoute de retrouver son âme d’enfant.

Quant à celui qui les fabrique, il n’est pas rare que la démarche coïncide avec le début de sa parentalit­é, ce qui laisse présager pour sa progénitur­e un bel album souvenir…

P.S. : si cette chronique n’aborde pas Les Larmes de crocodile et autres fables, livre-disque de qualité d’Emma Daumas, c’est parce que, bien que contactée, elle a refusé de répondre à nos questions.

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