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LE NOM DES GENS

Dans les romans de Daniel Pennac, notamment ceux de la saga Malaussène, les noms des personnage­s font preuve d’une originalit­é certaine. L’auteur nous explique tout.

- Propos recueillis par Éric Libiot

Benjamin Malaussène

« Le nom vient de “Malausséna”, une famille d’avocats italiens qui a son avenue à Nice. J’ai francisé le nom car j’aime la syllabe muette de la fin. C’est plus doux à l’oreille. Malaussène est aussi un petit village près de Nice, à ne pas confondre avec Malaucène dans le Ventoux. Quant à Benjamin, Ben, ça m’évoque le petit, le début, l’innocence. Je ne sais pas vraiment pourquoi. »

C’est Un Ange

« Dans la saga, c’est Jérémy, le frère de Benjamin, qui donne le prénom aux enfants, ce qui énerve Maracuja. Moi, je ne suis pas idiot au point d’appeler un gosse C’est Un Ange mais Jérémy, si. Puisqu’on dit toujours d’un bébé que “c’est un ange”, Jérémy lui a donné ce prénom. Le nom de Maracuja vient du fruit de la passion qui, en brésilien, se dit “maracuja”. Et puisque j’ai vécu au Brésil… »

Verdun

« Elle est la dernière soeur de Benjamin. Elle naît en colère et en gueulant dans La Petit Marchande de prose. Ça vient d’un monologue de Jérémy qui râle en entendant sa nièce et il clôt sa diatribe en disant : “C’est Verdun cette gamine” ! J’ai gardé ce prénom venu au fil du récit. »

Titus et Silistri

« Les deux flics. J’avais déjà Titus, prénom du grand-père tatar d’un ami. Mais je devais trouver le prénom de son binôme. Pour respecter la musicalité de la phrase, il me fallait deux syllabes et si possible l’une sonore, l’autre plus effacée. Je ne trouvais pas jusqu’au jour où, dans le Sud-Ouest, je suis passé devant l’entreprise Armagnac Silistri. Titus et Silistri, Silistri et Titus. Ça sonnait bien. »

La Reine Zabo

« Le nom se réfère à Isabelle Petit-Jean, rencontrée chez Nathan quand j’ai publié Cabot-Caboche. C’est l’hommage à une amie et à une excellente éditrice au caractère très affirmé. Comme Zabo. Autre hommage à un ami : Robert Soulat, qui travaillai­t à la Série noire quand j’ai publié Au bonheur des ogres et La Fée Carabine, est devenu Loussa de Casamance. »

Pépère

« Le méchant de Terminus Malaussène. Les enfants d’un ami me surnommaie­nt Pépère pour se foutre de moi. Est-ce qu’il me ressemble ? C’est une question que je me pose. Je me réserve le droit d’y répondre plus tard… »

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