Des mots dans la nuit
Psychiatre près de Tel-Aviv, Tom s’occupe d’une vingtaine de patients israéliens et palestiniens. Parmi eux, Hephraïm Steiner, un harpiste octogénaire, et la jeune Roshan, victime d’un déni de grossesse. Parallèlement aux soins qu’il dispense, Tom s’intéresse aux formes de communication intra-utérine entre une mère et son enfant. « Qu’est-ce que le foetus perçoit du monde extérieur? Que ressent-il quand, dès 6 mois, il entend toutes les voix du dehors? » Des recherches qui semblent inspirées de sa propre expérience du « monde d’avant ». Vingt-cinq ans plus tôt, sa mère, Meredith, alors enceinte, veille sa soeur, Hannah, apnéiste dans le coma à la suite d’un accident lors d’une plongée. Dans la chambre d’hôpital, Meredith et son beaufrère suivent en direct le retour vers la terre d’une capsule Soyouz. À son bord, un homme qu’Hannah a follement aimé. Soudain, Houston et Moscou perdent la liaison avec leurs astronautes. Le silence règne, assourdissant. Seules les voix inaudibles d’Hannah et du foetus semblent résonner depuis leurs limbes inaccessibles. De sa plume arachnéenne et poétique, Cécile Ladjali tisse des correspondances entre ses personnages, interroge leur façon d’être au monde et d’interagir avec leur prochain. Entre un octogénaire marqué par la Shoah et une Palestinienne en guerre contre les hommes, une rencontre est-elle possible ? Au-delà des apparences et de ce que nos identités disent de nous, La Nuit est mon jour préféré nous offre de contempler des possibles comme seule la littérature le permet.