Une IA au crayon
Midjourney, l’illustrateur de Summer Island, première BD de Steve Coulson, n’existe pas, du moins tel qu’on pourrait l’imaginer. Explications.
Au moment d’offrir Summer Island gratuitement sur Internet, sa première bande dessinée, Steve Coulson a le sens de la formule: « Une BD d’horreur folklorique dans la tradition de Midsommar et The Wicker Man. »
La lecture s’avère prometteuse pour un coup d’essai. Le scénario réserve son lot de surprises, le dessin est plus inégal mais l’ensemble tient la route. Sur la couverture de l’album trônent deux noms en majesté, dont celui de l’illustrateur, Midjourney. On a beau creuser et chercher qui se cache derrière cette mystérieuse identité, aucune information n’a filtré. Et pour cause, derrière ce pseudonyme, point d’illustrateur confidentiel mais une intelligence artificielle d’un nouveau genre. Une IA générative, capable de dessiner ex nihilo, à partir de simples consignes orales. Figure innovante de la communication digitale, Steve Coulson a donc fabriqué sa BD en solo sans le moindre talent pour l’illustrer. Quarante pages et des centaines de dessins réalisés en trois semaines seulement pour un résultat bluffant. Une première réussie, qui l’a convaincu de s’engager à fond dans ce grand chantier. Avec Campfire Entertainment, sa maison de production, il multiplie depuis les projets pour perfectionner le coup de crayon de Midjourney. Exodus et The Bestiary Chronicles sont ainsi accessibles depuis quelques semaines sur son compte Twitter. Des dessins qui s’affirment, se précisent, certaines pages franchement réussies. Il y a de quoi être impressionné… ou inquiet… Chacun son rapport à la modernité. ■