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AMOUR, GLOIRE ET BRONTË

Charlotte, Emily et Anne ont largement inspiré le grand et le petit écrans. Aussi bien pour leurs oeuvres que pour leurs vies. Petite sélection.

- Baptiste Liger

Laurence Olivier, poitrail gonflé et cheveux au vent dans la lande en Heathcliff? Voilà le cliché traditionn­el autour de la littératur­e des soeurs Brontë, transposée à l’écran. Il faut dire que le long-métrage de William Wyler en 1939, respectant tous les codes hollywoodi­ens de l’époque, a largement marqué les cinéphiles. Mais il ne s’agit pas de la seule adaptation, loin de là, des Hauts de Hurlevent. On compte en effet pas moins d’une trentaine d’adaptation­s ou relectures, aussi bien pour la télévision (la BBC n’a pas été avare en ce domaine) que pour le cinéma. Parmi les versions les plus prestigieu­ses, on retiendra celle de Luis Buñel (1954), de Robert Fuest (1970) – avec un Timothy Dalton face à de gros ennuis capillaire­s –, de Peter Kominsky et le couple glamour Juliette Binoche-Ralph Fiennes (1992) sans oublier la vision sèche et personnell­e d’Andrea Arnold (2011). S’il existe des transposit­ions chinoises, indiennes et égyptienne­s du chef-d’oeuvre d’Emily Brontë, on retiendra surtout l’excellente plongée dans le Japon médiéval Onimaru, signée Yoshishige Yoshida (1988). Le monument de sa soeur Charlotte, Jane Eyre, a inspiré une quarantain­e de projets, plus ou moins libres – le premier remonte à 1910. Et, là encore, aussi bien pour le cinéma que pour la télévision (en « unitaire » comme en « série »). On citera ainsi les longs-métrages de Chrissy Cabanne (1934), de Robert Stevenson (1943) – avec, SVP, Orson Welles, Joan Fontaine et Margaret O’Brien –, de Franco Zeffirelli (1996) – certes pas au sommet de son inspiratio­n – avec Charlotte Gainsbourg et William Hurt et de Cary Joji Fukunaga (2011). Mais la version la plus marquante de Jane Eyre ne serait-elle pas le démarquage sur fond de zombie haïtien Vaudou (1943), du maître du hors-champ Jacques Tourneur?

On aurait pu s’attarder sur bien d’autres oeuvres –littéraire­s et audiovisue­lles –, mais le destin de la fratrie a également inspiré les cinéastes. Avant de découvrir l’excellent Emily de Frances O’Connor [lire ci-dessous] et outre le méconnu La Vie passionnée des soeurs Brontë de Curtis Bernhardt (1946), on se souviendra du bouleversa­nt Les Soeurs Brontë d’André Techiné (1979). Avec son mémorable trio Isabelle Adjani-Isabelle Huppert-Marie-France Pisier. On a connu pire casting… ■

Au centre : Wuthering Heights de William Wyler avec Merle Oberon et Laurence Olivier (1939).

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Les Hauts de Hurlevent de Peter Kominsky avec Juliette Binoche et Ralph Fiennes (1992).

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