3 RAISONS DE DÉCOUVRIR LA VIE DE
Vladimir Jankélévitch « Quelqu’un qui fait comme il dit »
Les Français découvrirent « Janké » en 1980, lors de son passage remarqué à Apostrophes. On apprécia alors la volubilité de cet homme aux cheveux blancs, « philosophe oral » au style si singulier évoquant avec brio les insaisissables « je-ne-sais-quoi » et
« presque-rien ». Fils d’un immigré juif russe d’Odessa, élève exceptionnel, normalien, puis cacique à l’agrégation, imprégné de Berdiaeff et de Chestov, ami de Bergson, résistant pendant la guerre, il était de ceux pour qui « un philosophe, c’est d’abord quelqu’un qui fait comme il dit ».
Un engagement pour la philosophie
En 1975, l’ancien résistant, « militant sans être activiste », s’est engagé contre une réforme qui visait à supprimer la philosophie au lycée :
« L’antiphilosophie risque, par la stérilisation et par le tarissement à la source, de fabriquer une génération d’abrutis manipulables et parfaitement dociles » et d’ajouter « sans
[la philosophie], il manquerait quelque chose qui est rien, qui est tout. Si elle était détruite, il faudrait immédiatement la réinventer ». Et de conclure incisif : « Mieux vaut quitter ce monde. Place aux ordinateurs et au dieu Business ! »
Prendre la mesure d’une oeuvre riche
En réveillant le souvenir de l’homme vivant, Vladimir Jankélévitch. Le charme irrépressible du je-ne-saisquoi de Françoise Schwab invite à lire ou à relire ses écrits, aussi actuels et inactuels aujourd’hui qu’hier, et de mesurer l’importance d’une oeuvre dont les aspects moraux, métaphysiques et esthétiques ont pour point focal une pensée originale du temps et du charme de l’instant.
★★★☆☆
VLADIMIR JANKÉLÉVITCH. LE CHARME IRRÉPRESSIBLE DU JE-NE-SAIS-QUOI
FRANÇOISE SCHWAB
400 P., ALBIN MICHEL, 23,90 €. À noter aussi la parution du Cahier Jankélévitch (L’Herne).