SAUVER L’AMOUR
Outre Solange Bied-Charreton, l’amour sous diverses formes continue d’inspirer les romanciers. La preuve par quatre d’entre eux, issus de l’actualité éditoriale.
Si Daniel Balavoine était encore parmi nous, il s’époumonerait : qu’est-ce qui pourrait sauver l’amour ? N’y a-t-il plus qu’emprise et comportements inappropriés ? Non, répond Nathalie Rheims, qui avec une certaine audace célèbre les passions amoureuses de sa jeunesse sans criminaliser les hommes plus âgés avec lesquels elle a alors été. Au long des jours (Léo Scheer) est un peu la suite de Place Colette. C’est la fin des années 1970. Nathalie, 18 ans, joue au théâtre avec Roger Hanin ou Maria Casarès. Un soir, elle croise le chanteur Marcel Mouloudji, 55 ans. Malgré leurs trente-sept ans d’écart, c’est le coup de foudre. Nathalie Rheims se souvient avec beaucoup de délicatesse de cette liaison interdite qu’elle ne renierait pour rien au monde.
L’amour comme puissance vitale, c’est aussi l’un des thèmes de La Douceur (Stock), le nouveau roman d’Étienne de Montety. Le narrateur, journaliste, rencontre une vieille dame, May de Caux, qui préside la Convention internationale de la rose. Il apprend qu’elle a été déportée à Ravensbrück, et entreprend de lui faire écrire ses Mémoires. Comment cette femme s’est-elle reconstruite après les camps grâce à la tendresse de son mari ?
Une histoire de résilience, mais plus proche de Modiano que de Cyrulnik…
L’illustre rencontre nocturne entre amants ne craint pas le passage du temps sous la plume de Grégoire Delacourt. Une nuit particulière (Grasset), bien qu’inscrit dans un cadre contemporain, porte en lui l’empreinte du roman d’amour traditionnel. Deux personnages y font état de leur vie lors d’une rencontre hasardeuse : Aurore se fait quitter par son mari après trente ans de vie commune et Simeone a « un crabe » dans la gorge qui ne lui laisse que peu de temps à vivre. Ne voulant définitivement plus se battre, son épouse broie du noir. Les deux inconnus vont alors se promettre de s’émouvoir éperdument jusqu’au crépuscule, tout en pérégrinant le diable au corps dans la capitale parisienne. Un périple éminemment lyrique.
Terminons ce tour d’horizon sentimental au Québec avec Faire les sucres (Flammarion), best-seller de l’écrivaine Fanny Britt, qui ausculte spécifiquement la manière dont le couple peut (ou non) faire face aux drames qui se mettent en travers de son chemin. C’est le récit de la rédemption que vit Adam lorsqu’il percute une jeune fille avec sa planche de surf, lui disloquant le genou par la même occasion. Ce triste accident déconstruit petit à petit sa vie de couple auparavant paisible avec Marion. Voyant le château de cartes s’effondrer, il rachète une érablière à la famille de la blessée, tout en espérant reprendre le contrôle de sa vie à l’aide des gracieusetés de la nature. Au coeur de la Belle Province et de son authenticité, rien ne semble impossible à surmonter.