Bontemps divine
L’historien retrace le parcours de celle que tout rattachait à l’aristocratie et qui épousa pourtant les causes de la Révolution.
Comment survivre à la Révolution ? Surtout quand on est la descendante directe du valet de chambre de Louis XIV et de celui de Louis XV, les célèbres Bontemps. Étrange parcours que celui de Marie Charlotte Louise Perette Bontemps. Sa famille lui choisit pour époux le vieux comte de La Châtre, qui a précisément le double de son âge au moment de leur mariage. Le couple a beau être réactionnaire et totalement imprégné de culture aristocratique, il n’en est pas moins libertin.
Ainsi, la comtesse aux moeurs légères trouve un amant: le comte de Jaucourt. Leur passion est d’abord secrète au point qu’un jour, manquant d’être surpris par le mari, l’amant se cache précipitamment dans un cabinet. La porte est vite claquée sur deux de ses doigts. Stoïque, le comte garde le silence malgré la douleur! Plus tard, la mort du vieux La Châtre leur permet de vivre ensemble au grand jour. Pendant la Révolution, Madame la comtesse est une patriote. Elle suit les travaux de l’Assemblée, réclame la création d’une milice de femmes. Cette amie de Talleyrand survit aux massacres, à l’Empire, à la Restauration, à la monarchie de Juillet et connaît le début de la Seconde République. Car elle s’éteint le 19 juin 1848. Avec elle, tout un monde disparaît. Directeur scientifique du château de Versailles, Mathieu da Vinha le fait revivre. Dans Le Plaisir de vivre ou les Libertés de la marquise de Jaucourt, il pointe, derrière les historiettes, le dynamisme économique des rares lignages qui partageaient la vie des rois. Son livre casse de nombreux préjugés sur les femmes, leur liberté et leur place en France. ■